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Bobo et Kipi ravissent et éduquent des enfants congolais

Bobo et Kipi ravissent et éduquent des enfants congolais

Quand les enfants de la région de Kinshasa ont commencé à chanter une chanson tirée de la bande-annonce de leur nouvelle émission de télévision – avant même la diffusion du premier épisode – Susan et Jason Sheper ont su que Bobo & Kipi serait un succès auprès des enfants congolais.

Combinant marionnettes, personnages réels et personnages animés, cette émission a pour but d’enseigner aux enfants un comportement moral, par la pratique de l’honnêteté, du pardon et de la générosité. Bobo & Kipi est maintenant diffusée dix-huit fois par semaine, sur dix réseaux de Kinshasa, la capitale congolaise, et de onze autres centres urbains du pays.

Susan et Jason Sheper, des pionniers canadiens qui vivent au Congo depuis plus de vingt ans, ont eu l’idée de produire une émission pour enfants il y a dix ans, alors qu’ils étaient en visite au Centre mondial bahá’í, à Haïfa en Israël. Dans son message annuel de 2000, le corps dirigeant de la communauté mondiale bahá’íe conseillait vivement aux bahá’ís d’intensifier leur amour des enfants, qu’ils ont dit être « le trésor le plus précieux qu’une communauté puisse posséder », et leurs efforts pour les éduquer.

Inspirés par ce message, ils ont entrepris le long processus de création d’une émission de télévision pour enfants. Ils ont rencontré un certain nombre de problèmes. Les réseaux congolais de télévision diffusent surtout des émissions sportives, des vidéos de musique ou des émissions importées qui ne conviennent pas aux enfants soit au niveau culturel soit parce qu’elles comportent de la violence ou un contenu à caractère sexuel. Étant donné que l’industrie télévisuelle est structuré de telle sorte que ce sont les réalisateurs qui payent les réseaux pour être diffusés, les émissions produites localement sont peu nombreuses et d’une qualité inférieure. De plus, étant donné que peu d’émissions sont produites au pays, le personnel qualifié est rare.

Susan et Jason ont décidé de tenter de produire une émission techniquement de haute qualité, produite en haute définition. Ils ont réussi à trouver un partenaire commercial local et ont assemblé une équipe technique, formée entre autres de deux réalisateurs, dont l’un est australien et l’autre canadien, d’un directeur photo australien, et d’un ingénieur du son français. Puisqu’un des buts du projet était de développer les ressources humaines propres à la réalisation médiatique pour l’éducation des enfants, il était important pour le couple Sheper que les autres membres de l’équipe de 22 personnes soient congolais.

« Comme pour bien des projets bahá’ís », explique Susan Sheper, « il s’agit d’un effort international. Un certain nombre de bahá’ís canadiens qui font carrière dans le domaine des médias, nous ont apporté une aide très précieuse, sur le plan technique et en nous encourageant. L’élément crucial a toutefois été la contribution du personnel local qui s’est assuré que le contenu de l’émission était conforme à la culture. »

L’émission qui comporte quatre segments cherche à développer la moralité des enfants de sorte qu’ils puissent faire des choix judicieux. Le premier segment se sert de marionnettes à gaine – une nouveauté au Congo – pour mettre en scène une situation qui fait appel à une vertu. Le deuxième segment se sert d’une chanson pour célébrer cette vertu. Ensuite les auditeurs participent à un voyage magique au cours duquel des enfants de l’endroit vivent une situation qui illustre la vertu en question. Finalement, les marionnettes visitent un arbre parlant qui raconte une histoire et celle-ci est racontée par un dessin animé.

Les émissions sont diffusées en français, la langue du système éducatif au Congo. Le public cible est composé d’enfants qui souvent ne maîtrisent pas le français – il y a quatre langues nationales et 400 dialectes au Congo. L’émission contribue donc à ce que les enfants soient mieux préparés à entreprendre leur scolarité.

Les commentaires sur Bobo & Kipi que reçoit le couple Sheper de partout au pays sont très positifs.

« Une amie qui était enseignante suppléante a demandé à ses élèves de raconter une histoire », raconte Susan Sheper. « Elle a été surprise quand un garçon a repris une histoire entendue à l’émission Bobo & Kipi, si exactement qu’elle pouvait dire de quel épisode elle venait.

« L’émission est d’une si bonne qualité que les gens ont souvent de la difficulté à croire qu’elle est réalisée ici », explique-t-elle. Elle dit que la réalisation doit souvent faire face à des problèmes d’alimentation électrique, comme de nombreuses fluctuations et pannes.

« Nous avons montré Bobo & Kipi à MIPCOM, une foire médiatique internationale tenue en octobre à Cannes, en France. L’émission a été choisie comme une des cinq finalistes par un jury d’émissions pour enfants. Les enfants lui ont donné une seconde place, mais les gens du métier venus assister à la projection ont accordé un premier prix à Bobo & Kipi pour les enfants de trois à six ans.

« À MIPCOM, les réalisateurs de Cbeebies, Sesame Street et Disney nous ont exprimé leur intérêt. Nous avons donc de grands espoirs pour notre petite émission du Congo. »

Le couple Sheper a financé la majorité du projet de revenus provenant d’autres entreprises, y compris un hôtel. En plus de réaliser Bobo & Kipi, il s’est associé à une ONG américaine financée par USAID pour réaliser une série radiophonique se servant du programme éducatif national. Cette série sera diffusée dans 3 000 écoles. Le projet comportera 600 émissions réalisées sur une période de trois ans.

Susan et Jason Sheper disent qu’ils sont généralement en sécurité à Kinshasa, malgré les conflits qui ont ravagé le pays pendant de nombreuses années. Ils ont tout de même eu à s’enfuir du pays avec leurs enfants à quatre reprises, et leur maison a été frappée par des tirs d’artillerie.

« Une belle occasion pour redécorer! » affirme Susan.

On peut voir une bande annonce de l’émission à l’adresse http://www.youtube.com/user/MagicTreeMedia.