Cette année, le 10 juillet marque le 165e anniversaire du martyre du Báb, le premier des deux prophètes fondateurs de la Foi bahá’íe. L’anniversaire du martyre du Báb est un jour saint qui est commémoré par les bahá’ís partout au Canada et dans le monde.
Le titre « le Báb » est un mot arabe qui se traduit par « la Porte », et qui symbolise le moyen par lequel l’humanité entre en relation avec Dieu et le moment où elle entre dans une nouvelle ère d’édification spirituelle, sociale, morale et scientifique. Le Báb, dont le nom était Siyyid-Ali Muhammad, est né à Shiraz, en Perse, en 1819. Il a grandi auprès de son oncle maternel et était commerçant de textiles. Durant son enfance, il se distinguait de ses pairs par son acuité, sa modération et sa piété et sa dévotion extraordinaires.
En 1844, alors qu’il avait 25 ans, le Báb a fait une proclamation étonnante et d’une grande portée. Il a déclaré être le « Mahdi » et le « Qa’im » promis — un personnage messianique devant inaugurer une ère nouvelle, apporter une nouvelle révélation et annoncer une autre et imminente révélation. Son but explicite était de préparer le terrain pour la venue d’un personnage d’une grande importance, un personnage auquel il se réfère dans ses Écrits comme « Celui que Dieu rendra manifeste ». Ce personnage attendu apporterait une Révélation qui accomplirait les promesses eschatologiques de toutes les traditions religieuses du passé et transformerait et renouvellerait la civilisation. À cette fin, le Báb a entamé une révolution conceptuelle et spirituelle et le renouvellement de toutes les dimensions du discours religieux. Il a rejeté plusieurs des modes d’interprétation des écritures religieuses du passé et a énoncé de nouveaux moyens plus complexes et puissants de discerner la signification et la vérité spirituelle des traditions religieuses du passé, de même que les modes du discours philosophique dans lequel la vérité religieuse et scientifique trouve son expression. Il a inculqué l’humilité à ses disciples et leur a enseigné à éviter le dogmatisme, les superstitions et le fanatisme et à faire preuve d’un attachement éternel à la vérité spirituelle.Des milliers de citoyens, de toutes les classes de la société, aussi bien des hommes, des femmes, des membres du clergé, des hommes politiques, des poètes, des artisans, et des agriculteurs, ont accepté avec enthousiasme la proclamation du Báb. Son influence s’est rapidement répandue, et bientôt des milliers de personnes sont devenus ses adeptes. Un certain nombre de dirigeants politiques et d’importants membres du clergé ont pensé que les revendications hétérodoxes du Báb étaient irrémédiablement apostates et hérétiques, et qu’elles représentaient une menace importante pour leur pouvoir politique et religieux, déjà réduit, et pour leur légitimité. Des milliers de bábís (les disciples du Báb) ont refusé de répudier le Báb et ont été soumis à la torture et à une mort violente. Le Báb lui-même a pendant un certain temps été mis en résidence surveillée, puis a été emprisonné, et, en fin de compte, martyrisé, à l’âge de trente et un ans, par un peloton d’exécution composé de sept-cent-cinquante soldats, dans la cour d’une caserne de Tabriz, dans le nord de la Perse.
Les restes du Báb ont été jetés dans un fossé en dehors de la ville. Quelques bábís, dignes de confiance, ont réussi à prendre possession de sa dépouille durant la nuit. Elle a été transportée d’un lieu à un autre durant soixante ans, et a, en fin de compte, été ensevelie sur le Mont Carmel, à Haïfa, en Israël. En 1863, la communauté bábíe a accordé son allégeance à Bahá’u’lláh, reconnaissant en lui celui qui avait été promis par le Báb.
Le Báb était un personnage d’une importance infinie pour ceux qui ont accepté sa revendication et son message aussi bien que pour bon nombre de ceux qui l’ont rencontré, mais n’ont pas accepté sa revendication de prophète. Les bahá’ís considèrent qu’il convient d’étudier sa vie et de la contempler dans une attitude de prière. Ils considèrent le Báb comme une manifestation de Dieu — une itération de la volonté divine, qui est manifestée à divers moments clés de l’histoire, qui a pour objet de guider l’humanité vers une reconnaissance de sa nature intérieure noble et spirituelle et de faire avancer la civilisation vers un état caractérisé par une plus grande justice, une plus grande paix et une plus grande beauté. On peut aussi percevoir le Báb comme un personnage intrépide qui s’est élevé contre l’oppression, la superstition, le dogmatisme, le fanatisme et la tyrannie, les chaînes qui ont entravé l’humanité durant son enfance et dont elle doit se libérer pour atteindre un état universel de maturité. Le Báb a élevé une voix puissante dans le contexte de la lutte qui se poursuit pour que l’humanité se libère de telles entraves au progrès.
Aujourd’hui, le gouvernement de l’Iran continue d’opprimer ceux qui ont accepté les enseignements du Báb et de Bahá’u’lláh. Les moyens utilisés pour poursuivre cette persécution ont changé et sont devenus plus subtils et insidieux. Les bahá’ís d’Iran sont maintenant soumis à la répression sous diverses formes : on leur refuse le droit à l’enseignement supérieur, le droit de pratiquer leur métier, le droit de prospérer et le droit de contribuer au bien social et économique de leur pays. Une politique récemment appliquée par les autorités iraniennes a forcé la fermeture de commerces dans les villes de Rafsanjan, Kerman, Sari et Hamadan. Ces commerces offraient simplement des pièces automobiles, des appareils électroménagers ou des vêtements. Les bahá’ís ont l’habitude de fermer leur commerce ou de prendre congé pour observer leurs jours saints. Il y a une certaine ironie dans l’injustice perpétrée par les autorités iraniennes qui se sont attaquées encore une fois à la communauté bahá’íe à un moment si près de l’anniversaire du martyre du Báb, qui était lui-même, comme nous l’avons dit, marchand de textiles.