Les extrêmes de richesse et de pauvreté « sont symptomatiques des défauts de structure du système économique et de ses institutions, et ils doivent être corrigés. »
C’est là un des concepts qui ont été explorés par la délégation de la Communauté internationale bahá’íe à la conférence Rio+20 des Nations unies sur le développement durable, tenue le mois dernier au Brésil. Trois Canadiens se sont joints à cette délégation.
La conférence Rio+20 visait à relever deux défis : la transition vers une économie verte, dans le contexte d’un développement durable et de l’élimination de la pauvreté, et l’adoption d’une structure d’institutions favorisant un développement durable.
Dans une déclaration écrite soumise à la conférence, intitulée “Sustaining Societies: Towards a New ‘We” [Des sociétés durables : vers un nouveau « Nous »], la Communauté internationale bahá’íe a fait valoir le principe de la responsabilité réciproque, soit « l’idée que chacun de nous, en entrant dans ce monde, est sous la responsabilité de l’ensemble des hommes et qu’en retour il porte une part de responsabilité pour le bien-être de tous », qu’il est important d’éliminer les extrêmes de la richesse et de la pauvreté et nécessaire d’adopter une approche commune dans les délibérations, qui « doivent encourager les gens à participer aux décisions déterminant la direction que prendra leur collectivité. »
Les délégués bahá’ís ont pris part à bon nombre d’activités et de conférences parallèles, organisé un panel sur l’élimination des extrêmes de pauvreté et de richesse dans le contexte d’une économie verte (en anglais), et coparrainé, avec le Forum international pour l’environnement (une organisation d’inspiration bahá’íe), l’UNESCO et le Forum sur la religion et l’écologie de l’Université Yale, une rencontre sur le thème « Les valeurs religieuses et l’éducation en vue d’un développement durable » (en anglais). Dans le contexte du Sommet des peuples, la Communauté internationale bahá’íe a aussi organisé des ateliers sur les principes éthiques et spirituels s’appliquant au développement.
Deux des trois Canadiens de la délégation bahá’íe étaient des jeunes. Nur Shodjai est en quatrième année du programme de relations internationales et des sciences de la Terre à l’Université de la Colombie-Britannique. Miles Hanks est en deuxième année du programme de sciences de la Terre à l’Université Carleton à Ottawa.
Ils ont tous les deux publié un carnet Web dans lequel ils ont consigné leurs impressions du Sommet Rio+20, auquel ont participé plus que cent chefs d’État et représentants de gouvernements et quelque 40 000 représentants d’organes internationaux, de la société civile et d’autres groupes.
Le principe d’une responsabilité réciproqueNur Shodjai et Miles Hanks ont souligné la difficulté posée par des loyautés qui se limitent à une nation particulière et parlé de la division qui existe entre pays industrialisés et pays en voie de développement.
Les pays en voie de développement « croient que pour se développer et sortir de la pauvreté ils ont le droit d’exploiter et de polluer leur environnement, puisque c’est ce qu’ont fait les pays développés au cours des siècles précédents », expliquait Nur Shodjai. D’autre part, les pays industrialisés refusent de donner l’exemple.
En réponse à ce problème, les deux jeunes Canadiens se sont efforcés de promouvoir le principe d’une responsabilité réciproque. À la conférence parallèle pour les jeunes, ils ont aidé à organiser un atelier sur ce thème. Le principe d’une responsabilité réciproque remet en question le fondement éthique des loyautés qui se limite à une nation ou à un État.
Miles Hanks, qui a participé activement à la conférence pour les jeunes a été impressionné par le fait que les discussions ont invariablement été réorientées de manière à examiner les valeurs morales sous-jacentes aux problèmes abordés.
Une discussion des politiques liées à l’allocation des ressources en eau a été élargie pour prendre en considération « le cadre de référence moral sur lequel s’appuie la relation que les populations ont entre elles et celui qu’elles ont avec l’environnement » et pour se pencher sur le fait que « cet élargissement de la discussion, passant d’une simple recherche de solutions matérielles à une préoccupation de la dimension morale sous-jacente, est essentiel au progrès. »
Le processus consultatifNur Shodjai a indiqué que le processus de négociation était très lent et, à l’occasion, très difficile. Elle a ajouté que les délégations de la société civile s’inquiétaient beaucoup de la possibilité que le résultat de la conférence constitue un recul par rapport aux réalisations des ententes antérieures.
« J’ai commencé à voir que la réussite de la conférence de Rio n’était pas une chose tranchée et sans nuances. Des efforts intenses ont mené à l’adoption d’un document final et à la prise de centaines d’engagements volontaires par les États membres, les entreprises et les organisations non gouvernementales.
« À ce sommet, la participation de la société civile a été plus grande que jamais dans toute l’histoire des négociations à l’ONU, et nous avons été témoins de la convergence des conceptions de l’avenir des groupes de la société civile et de leurs efforts pour la communiquer aux divers gouvernements. Cette discussion est en elle-même une réalisation importante. »
Ces commentaires reflètent les idées présentées au sujet de la consultation dans la déclaration bahá’íe soumise à la conférence. « Pour que le progrès sur la scène internationale soit durable, il doit prendre place dans un cadre qui encourage un accès progressif à une unité plus profonde de la vision comme de l’action parmi ses participants. »
« Plutôt que de représenter le triomphe momentané d’une seule personne ou d’une seule faction dans un environnement compétitif, chaque pas en avant fera partie d’un processus collectif d’apprentissage dans lequel les institutions internationales, les États et la société civile avanceront ensemble vers plus de compréhension. »
La Conférence des Nations unies sur le développement durable s’est terminée le 22 juin 2012. Les représentants des 30 pays doivent maintenant définir un ensemble d’objectifs pour un développement durable. Ces objectifs seront présentés à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2013.
Carnet des stagiaires de la CIB (en anglais) :« Rio+20: Reflections and Realizations » par Nur Shodjai« Exciting events at the Rio+20 Youth Blast » et « Actions of the Youth » par Miles Hanks