Le conseil d’administration de la Communauté bahá’íe du Canada, l’Assemblée spirituelle nationale, a accueilli 60 invités lors d’une réception offerte à Montréal, le 6 septembre dernier, pour souligner l’ouverture du nouveau centre d’accueil des visiteurs adjacent au Sanctuaire bahá’í récemment rénové.
Des représentants de l’administration municipale, des universitaires, des chefs religieux et d’autres invités ont assisté à la réception, un des nombreux événements organisés à Montréal et partout au Canada, du 30 août au 9 septembre, pour commémorer la visite au Canada, il y a 100 ans, de ‘Abdu’l-Bahá, alors chef de la foi bahá’íe.
« Quel événement agréable et spirituellement édifiant », a écrit M. Patrice Brodeur, professeur agrégé de la Faculté de Théologie et sciences des religions et titulaire de la Chaire du Canada Islam, pluralisme et globalisation, à l’Université de Montréal, dans une note de remerciement adressée aux bahá’ís. Après la réception, les personnes présentes étaient invitées à visiter le Sanctuaire. « Quel trésor caché ! », a alors commenté M. Brodeur.
Une autre invitée, Mme Mary Deros, conseillère municipale de Montréal et membre du comité exécutif du maire Gérald Tremblay, a lu un message de la part du Maire mentionnant l’apport des bahá’ís à la vie de Montréal depuis qu’y fut établie la première communauté bahá’íe au Canada, au début du 20e siècle.
Le Sanctuaire était à l’origine la résidence de May Bolles Maxwell et de William Sutherland Maxwell, un des architectes canadiens les plus renommés du début du 20e siècle. ‘Abdu’l-Bahá y a séjourné quelques jours pendant sa visite en Amérique du Nord et l’a décrite comme étant « sa maison » ; c’est pour cette raison qu’elle a plus tard était désignée sanctuaire. L’édifice, le seul sanctuaire bahá’í au Canada, a été restauré dans le style « Belle Époque » des années 1900.
Deux jours après la réception, 1 400 personnes ont assisté à une causerie donnée par M. Ali Nakhjavani, autrefois membre du Conseil d’administration international de la foi bahá’íe. Il a rappelé le message d’amour, d’unité et de justice laissé par ‘Abdu’l-Bahá, et parlé de son incidence sur la croissance et le développement personnels. « ‘Abdu’l-Bahá ne parlait jamais des fautes desautres », a-t-il souligné.
M. Nakhjavani était un ami très proche de Mary Maxwell, la fille de May et William Sutherland Maxwell, connue dans la communauté bahá’íe sous le nom de Rúhíyyih Khanum depuis son mariage avec Shoghi Effendi, arrière-petit-fils du fondateur de la Foi. Sa causerie a inspiré ses auditeurs, dont plusieurs étaient venus à Montréal pour se joindre à la commémoration nationale, pendant que d’autres célébrations avaient lieu dans de nombreuses villes, partout au Canada.
À Hamilton, en Ontario, plus de 700 personnes se sont rassemblées sur le quai de la gare de Liuna où, il y a 100 ans, s’était arrêté le train emprunté par ‘Abdu’l-Bahá. À Saskatoon, des membres du Parlement et de l’assemblée législative provinciale, ainsi que le Maire, ont participé à la fête commémorative organisée par la communauté bahá’íe. Un concert a eu lieu en matinée au Alix Goolden Hall, à Victoria.
Arrivé à Montréal le 30 août 1912, ‘Abdu’l-Bahá a prononcé huit allocutions publiques et présenté sept exposés informels avant de repartir le 9 septembre. Un grand nombre des quelque 500 000 Montréalais francophones et anglophones de l’époque ont lu avec intérêt les articles sur sa visite dans les quotidiens. Trente-quatre articles ont été publiés dans onze journaux différents. Le Devoir et La Presse, publiés encore aujourd’hui, en ont imprimé deux chacun, et The Montreal Gazette, six. The Montreal Daily-Star, aujourd’hui disparu, en a publié dix.
Cette visite de ‘Abdu’l-Bahá a été remarquable, non seulement en raison des foules considérables venues entendre ses allocutions publiques dans des lieux tels que l’église du Messie, le Coronation Hall, l’église méthodiste St. James, l’hôtel Windsor ou la résidence des Maxwell sur l’avenue des Pins, mais aussi des diverses questions qu’il a abordées et de l’enthousiasme qu’il a suscité chez les bahá’ís de même que chez les nombreux citoyens ordinaires et personnalités qu’il a rencontrés.
Il a parlé de l’unité des religions, de l’importance d’éliminer les préjugés, des principes devant permettre d’établir la paix mondiale, de la nécessité d’une recherche personnelle de la vérité, de l’abandon des superstitions, de la reconnaissance de l’unité de la science et de la religion, et du besoin d’une justice sociale et économique. Il a prédit l’éclatement de la Première Guerre mondiale, et a maintes fois exprimé sa joie de visiter le Canada, un pays qu’il a qualifié de « prospère et agréable ». On l’avait averti que les Montréalais étaient superstitieux et fanatiques, mais il a souligné qu’au contraire, il avait trouvé les habitants de Montréal et du Canada ouverts et accueillants. De retour en Terre sainte, il a écrit : « L’avenir du Canada est très grand, tant dans le domaine matériel que spirituel. »
La première communauté bahá’íe canadienne a été établie à Montréal, en 1902, par May Bolles Maxwell et William Sutherland Maxwell. Point tournant dans le développement de cette petite communauté en expansion, la visite de ‘Abdu’l-Bahá revêt une importance spirituelle capitale pour les bahá’ís. Exilé par l’empire persan puis emprisonné par l’empire ottoman pendant 40 ans, avec son père, le prophète-fondateur de la foi bahá’íe, il a quitté la Terre sainte pour entreprendre un voyage en Amérique du Nord et en Europe. La révolution des Jeunes Turcs ayant mis fin à son assignation à résidence, il a pu entreprendre ces voyages historiques.
Malgré la tenue de plusieurs événements commémoratifs spéciaux, le principal objectif de l’année centenaire demeure l’engagement des bahá’ís à se rappeler les valeurs et les idéaux que ‘Abdu’l-Bahá a incarnés tout au long de sa vie, et à renouveler leur attachement envers ces valeurs et idéaux. Il a consacré sa vie entière au service et à l’action ; il a inlassablement souligné l’importance du savoir si l’on veut contribuer au bien-être de l’humanité, la valeur d’un bon caractère, de pratiques et de principes moraux, et la nécessité d’une transformation individuelle et sociale. Né en 1844, ‘Abdu’l-Bahá est décédé en 1921, après s’être voué au service de son prochain et de la religion pour laquelle son père, Bahá’u’lláh, et le héraut de la foi bahá’íe, le Báb, avaient eux aussisacrifié leur vie.