Bahá’ís du Canada English
Des scientifiques considèrent que la religion et la science sont complémentaires

Des scientifiques considèrent que la religion et la science sont complémentaires

Montréal, Québec, le 23 septembre 2010 (SCNB) — Alors que des acteurs importants du monde scientifique attaquent vigoureusement la religion dans des publications populaires telles que The God Delusion, l’idée que la religion et la science puissent en fait être des alliées dans la quête de la vérité peut apparaître improbable.

L’ardeur de scientifiques connus pourrait donner l’impression que l’ensemble de la communauté scientifique rejette la foi, mais des sondages démontrent qu’au contraire, la croyance en Dieu progresse parmi cette communauté.

En 1914, un premier sondage interrogeait les scientifiques sur leurs idées religieuses, révélant que seulement 42 % des sondés déclaraient croire en Dieu. Un récent sondage auprès de 250 membres de l’American Association for the Advancement of Science, publié parle Pew Research Center en 2009, indique qu’une majorité (51 %) croit en Dieu ou en une puissance supérieure. Et la croyance en Dieu serait beaucoup plus fréquente chez les jeunes scientifiques, 66 % d’entre eux croyant en une forme ou une autre de dieu.

Pour les scientifiques bahá’ís, avoir la foi est parfaitement compatible avec une carrière scientifique.

« Ce qu’il y a de spécial pour les bahá’ís, c’est le statut qu’a conféré à la science le fondateur de notre religion », déclare Albert Berghuis, professeur de biochimie et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en biologie structurale à l’Université McGill de Montréal. « La science et la religion sont considérées comme deux approches légitimes pour chercher la vérité. »

Bahá’u’lláh a fondé la foi bahá’íe au XIXe siècle. Il a affirmé le rôle de la science dans le progrès de la civilisation, allant même jusqu’à assimiler la recherche scientifique à une forme d’adoration.

Victoria Talwar, professeure agrégée de psychologie à McGill, déclare que ses croyances religieuses l’ont orientée vers une carrière scientifique.

« Bahá’u’lláh exhorte les bahá’ís à entreprendre une carrière scientifique. J’ai opté pour la psychologie, qui permet d’appliquer la méthode scientifique à l’étude du comportement humain. Mais je constate que la religion aussi m’aide à comprendre les gens. La religion et la science observent les mêmes choses, à partir de points de vue opposés. Elles sont complémentaires et cela se vérifie facilement dans ma recherche. »

« Notre compréhension scientifique se construit tranquillement, petit à petit. Elle nous aide à comprendre le comportement, mais elle peut ou non nous aider à résoudre les troubles du comportement. Les concepts religieux élaborés grâce aux révélations religieuses successives nous en apprennent beaucoup sur l’amélioration du comportement humain. Ces enseignements aident les enfants à acquérir de la maturité, à se débarrasser de mauvaises habitudes et à devenir des citoyens forts et en santé.

« Mes étudiants ne se rendent pas compte que j’introduis régulièrement des principes bahá’ís dans mes exposés. Je peux me permettre de le faire parce que la recherche scientifique confirme ce que Bahá’u’lláh a affirmé. »

Albert Berghuis souligne que la science et la religion se sont polarisées, tout particulièrement sur la question de l’évolution, un aspect fondamental de sa recherche sur l’adaptation des microbes aux antibiotiques.

« Pour moi, l’évolution et la foi ne sont pas incompatibles. Bien entendu, la plupart des scientifiques qui travaillent dans ce domaine ne voient pas l’utilité d’un dieu, mais certains considèrent que l’incroyable complexité de la vie leur offre un aperçu de la puissance d’un Créateur. En fait, les mêmes faits sont simplement interprétés différemment. »

« La religion et la science cherchent la vérité à partir de points de vue différents. D’une part, les adeptes d’une religion doivent garder l’esprit ouvert, interroger la réalité et éviter la superstition. D’autre part, si elle n’est pas pondérée par des valeurs éthiques ou spirituelles, la science risque de devenir excessivement matérialiste. »

Redwan Moqbel, chef du Département d’immunologie de l’Université du Manitoba, affirme que la science et la religion constituent « des forces parallèles qui, dans une relation réciproque, soutiennent et maintiennent l’intégrité l’une de l’autre ».

« Ce n’est peut-être pas généralement admis, mais l’approche des scientifiques est en fait spirituelle. Ils appliquent des normes et une éthique qui sont basées sur des principes spirituels, et sans lesquelles leur travail ne serait pas accepté ».

« Pour réussir, les scientifiques doivent en fait mettre en pratique des conditions et des qualités spirituelles. Par exemple, pour examiner nos hypothèses, nous devons être dénués de toute partialité, de tout préjugé. Lorsque je vérifie mon hypothèse, je me dois d’être honnête. Je dois tenir compte des données négatives même si elles n’appuient pas ce que je souhaitais démontrer; nous rendons compte de la vérité telle que nous la découvrons et la mesurons. »

« Dans les écrits bahá’ís, un autre élément est très important, ajoute M. Moqbel : le besoin d’associer à son travail un “ but noble ” qui soit destiné à rendre service, à être utile. »

« J’étudie les maladies respiratoires. Je me suis fixé comme objectif d’empêcher les enfants de mourir. Ma tâche est de me rapprocher chaque jour de ce but mais, pour ce faire, je dois acquérir des connaissances, bien percevoir toutes les nuances dans mon domaine, et concrétiser les connaissances acquises le plus adéquatement possible, le mieux possible; réaliser des progrès est un simple sous-produit de ce travail. »

Albert Berghuis croit que la science exige une accumulation de données, qu’il peut être difficile d’interpréter correctement. Pour arriver à comprendre quelque chose, on doit faire appel à sa créativité, c’est-à-dire solliciter son intelligence non rationnelle. Le système de croyances du chercheur peut inspirer ce type de réflexion.

M. Moqbel est d’accord : « L’inspiration joue un rôle très important. Je crois qu’il s’agit d’une force spirituelle qui nous relie à la source de toute connaissance. Einstein disait que ce qu’il avait découvert était passé par lui, mais n’était pas venu de lui. Mais sans formation, l’inspiration a une valeur limitée, car il nous est alors impossible d’exprimer notre compréhension avec cohérence ou de la mettre à profit pour faire avancer la connaissance dans notre domaine d’activités. »

« Dans mon propre travail, les concepts et les idées contenus dans les écrits bahá’ís ont influencé mes études et mes découvertes, mais cela n’a été possible que parce que j’avais d’abord acquis une formation spécialisée dans mon champ d’études. »

« Par ailleurs, il nous faut aussi “appliquer la logique à notre foi”, déclare Mme Talwar. Il faut remettre en question ce qui ne semble pas logique. Si nous essayons d’intégrer la science de force dans notre compréhension actuelle des concepts religieux, quelque chose d’important pourrait nous échapper, ce qui nuirait à la fois à la science et à notre compréhension de la religion. »

Des scientifiques, Galilée par exemple, ont fait des découvertes qui contredisaient les doctrines religieuses de leur époque. Ainsi, lorsque de nouveaux concepts liés au système solaire ont été introduits, ils ont ébranlé les croyances établies.

« Mais ces croyances n’étaient justement que des superstitions, ajoute Mme Talwar. Jésus-Christ n’en avait jamais parlé. On a fini par accepter les idées de Galilée. Et elles n’ont pas nui du tout au christianisme; en fait, elles lui ont permis d’élargir sa vision du monde ».

« En tant que bahá’ís, nous sommes incités à chercher ouvertement la vérité scientifique. Nous comprenons que la science nous aidera à mieux comprendre Dieu et à approfondir l’interprétation que nous faisons de nos enseignements religieux. »

Vous trouverez des lectures complémentaires à :

The Unity of Religion and Science

What is the Bahá’í attitude towards science and technological progress?

Science and religion explored

Pour en apprendre davantage sur les travaux de Victoria Talwar, d’Albert Berghuis et de Redwan Moqbel :

Victoria Talwar :http://www.talwarresearch.com/http://www.mcgill.ca/at-a-glance2009/faculty/

Albert Berghuis :http://www.mcgill.ca/biochemistry/department/faculty/berghuis/http://www.ncbi.nlm.nih.gov/sites/entrez?Db=pubmed&Cmd=DetailsSearch&Term=berghuis+am%5BAuthor%5D

Redwan Moqbel :http://www.umanitoba.ca/medicine/units/immunology/moqbelbio2008.htmhttp://www.departmentofmedicine.ualberta.ca/prg/moqbel.html