Le fait que la violation des droits fondamentaux se poursuit a suscité une autre série de débats au Sénat canadien. La plus récente interpellation, le 7 février 2012, fut l’initiative de la sénatrice Frum et a été suivie par deux séances les 15 et 16 février 2012. Les sénateurs Ataullahjan, Finley, Mockler, MacDonald, Dallaire et Chaput ont tous fait référence aux prisonniers de conscience bahá’ís.
Pour accéder aux interventions entières sur la situation des droits de la personne en Iran veuillez cliquer sur les liens suivants : le 7 février 2012 , le 15 février 2012 , and le 16 février 2012 .
Faisant référence aux prisonniers « illégalement détenus », la sénatrice Frum indiquait dans ses remarques que « Trois Canadiens sont actuellement confinés dans la tristement célèbre prison d’Evin, une salle de tortures d’une cruauté et d’une inhumanité sans nom. Comme tant d’autres victimes innocentes du régime iranien, ces hommes ont été battus et soumis à la torture physique et psychologique et se sont fait refuser tout traitement médical durant leur incarcération. Ils n’ont pas eu droit à un procès juste et équitable, et leur vie est en grand danger. »
Elle a souligné que la situation de Saeed Malekpour – un bahá’í canadien d’origine iranienne condamné à mort en 2010 – était parmi « les cas les plus urgents », puisqu’il « vit actuellement dans la perspective quotidienne d’une exécution imminente. »
La sénatrice Frum a poursuivi en disant « La République islamique d’Iran a l’insigne distinction de détenir le record mondial d’exécutions et de pendaisons publiques. Seule la Chine dépasse l’Iran au chapitre du nombre total d’exécutions politiques. Ces exécutions sont ordinairement faites d’une manière particulièrement cruelle et sadique. Les arrestations systématiques, les longs emprisonnements et la torture sont tout à fait courants en Iran. Les défenseurs des droits de la personne et les membres des minorités ethniques comptent parmi les cibles favorites du régime. »
La sénatrice Jaffer, qui en décembre 2011 avait fait une déclaration sur la persécution des enseignants bahá’ís en Iran, s’est jointe à sa collègue pour parler de la persécution systématique et de la détention injuste des « prisonniers de conscience » dans des « conditions indescriptibles ».
« Des arrestations sans mandat au refus des tribunaux de produire un jugement écrit », a-t-elle déclaré, « le processus judiciaire bafoue la notion même de justice. Les prisonniers sont détenus dans des cellules surpeuplées, sans sanitaires, sans lumière, sans eau potable et sans la possibilité de faire de l’exercice et de prendre l’air. Plusieurs n’ont pas accès aux soins médicaux dont ils auraient besoin. »
« Certains doivent dormir sur le béton, car ils n’ont pas de lit. Les prisonniers qui se plaignent sont battus en retour. Lors des très courtes et peu fréquentes visites qu’on leur accorde, les prisonniers sont habituellement séparés de leurs parents, de leur conjoint et de leurs enfants par une cloison de verre. »
La sénatrice Jaffer a fait le parallèle entre sa propre expérience en Ouganda, où son mari avait été brutalement saisi à leur domicile, et les arrestations qui ont lieu en Iran ainsi que la peur constante d’être arrêté sans raison.
« Honorables sénateurs, je puis vous affirmer qu’il n’y a rien de plus effrayant au monde que d’entendre cogner à la porte les autorités venues se saisir d’un proche — un proche qui veut changer les conditions de vie des citoyens de son pays. »
Le sénateur Dallaire a longuement parlé de la persécution continue des bahá’ís en Iran, qui « savent très bien ce que c’est que de vivre écrasé sous la tyrannie ».
« Nous connaissons bien le phénomène de l’oppression des baha’is en Iran. Nous savons, grâce en partie à l’interpellation du sénateur Jaffer, l’année dernière, que les adeptes de cette religion subissent traditionnellement de la discrimination. Ils se voient refuser des emplois et l’accès aux études supérieures. Ils font l’objet depuis longtemps d’une campagne de diffamation dans les médias, campagne dont je reparlerai plus en détail tout à l’heure. Les baha’is sont soumis à des descentes de police brutales, à des arrestations et à la torture. Le plus alarmant est le taux très élevé d’incarcération dans ce groupe. »
Il a souligné que la stratégie du régime iranien visant à démoniser les bahá’ís dans les médias mettrait les 300 000 membres de la communauté bahá’íe d’Iran « en danger d’extermination ».
« Il s’agit de la même stratégie qu’ont utilisée à plusieurs reprises les sociétés répressives déterminées à éliminer une population ennemie, une population qu’elles considèrent subversive. L’histoire nous enseigne que la répétition incessante et systématique de mensonges et la création de mythes permettent d’inculquer la haine à la majorité, et que cette haine peut être transposée en violence contre la minorité visible. Le Rwanda est un exemple de pays où on a mis en œuvre ce concept. Le Darfour est un autre exemple de pays où ce concept est encore en vigueur. »
Dans son allocution au Sénat, la sénatrice Chaput a loué les bahá’ís d’Iran pour leur courage et leur capacité d’endurer pacifiquement les persécutions.
« Si cette communauté pacifique », a-t-elle dit « a été persécutée depuis le tout début de sa présence en Iran, cette persécution a pris depuis l’allure d’une politique étatique officielle. » Elle faisait référence au mémorandum de 1993 qui définit toujours la politique de persécution poursuivie contre les bahá’ís.
« Ce mémorandum fournit des consignes explicites visant à assurer que le “ progrès et le développement ” de la communauté baha’ie soient entravés. Ceci inclut l’interdiction formelle de l’accès à l’éducation supérieure et à certains types d’emplois pour tous les membres de la communauté. Une personne se voit donc privée de l’admission à une université simplement parce qu’elle appartient à une communauté spécifique. Cette politique discriminatoire est systématiquement appliquée par les autorités iraniennes. »
Dans leur conclusion, les sénateurs ont exigé la libération immédiate des prisonniers de conscience « illégalement détenus », qui incluent une centaine de bahá’ís.