Plus de 200 personnes se sont réunies au Musée canadien pour les droits de la personne dans la soirée du 13 octobre pour commémorer le 40e anniversaire de l’exécution tragique de dix femmes bahá’íes par les autorités iraniennes dans la ville de Shiraz, en Iran, pour avoir refusé de renoncer à leur foi. L’une d’entre elles n’avait que 17 ans ; la plupart avaient une vingtaine d’années. La réception du soir et l’exposition d’art qui l’accompagnait faisaient partie de la campagne mondiale #OurStoryIsOne qui honore la mémoire des dix femmes et la lutte continue pour l’égalité des sexes vécue par les femmes de toutes les confessions et de toutes les origines en Iran aujourd’hui.
L’événement a été organisé conjointement par le Bureau des affaires publiques de la communauté bahá’íe canadienne et la communauté bahá’íe de Winnipeg. Il s’agissait du premier événement national au Canada marquant le 40e anniversaire et il faisait suite à de nombreux et variés programmes commémoratifs locaux organisés par les communautés dans tout le pays depuis le lancement en juin 2023 de la campagne d’un an #OurStoryIsOne #NotreHistoireEstUne.
L’exposition d’art présentait diverses œuvres d’artistes bahá’ís canadiens inspirées par la vie des dix femmes et les thèmes plus larges de l’espoir, de la résilience, de l’égalité des sexes et de la transformation sociale associés à leurs vies. Des bannières placées dans le hall du musée offraient également aux visiteurs l’occasion d’en apprendre davantage sur chaque femme et de s’identifier à son histoire.
La soirée a commencé par un mot de bienvenue prononcé par Jordan Bighorn, membre de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Canada. « Il y a quarante ans, dans la nuit du 18 juin, dix femmes ont été enlevées, emprisonnées et exécutées par des forces de haine et d’ignorance qui continuent à ravager certaines parties du monde aujourd’hui », a déclaré M. Bighorn. « Historiquement, les femmes ont porté plus que le fardeau de la vie elle-même et nombre d’entre elles continuent de le faire. Malgré les progrès accomplis dans de nombreux domaines de la société, nous continuons à observer que ces progrès sont souvent le fruit du sacrifice, du courage et de la simple volonté des femmes du monde entier que nous honorons ce soir », a-t-il poursuivi.
Matthew Cutler, vice-président des expositions au Musée canadien des droits de la personne, a évoqué la signification sacrée des terres ancestrales autochtones sur lesquelles le musée est construit, au point de rencontre entre les rivières Rouge et Assiniboine. « Ce site est un lieu de rassemblement, de guérison, de pacification et de cérémonie depuis des temps immémoriaux. Ce soir, nous poursuivons la tradition de ce lieu… » M. Cutler a souligné que l’exemple des dix femmes bahá’íes reflète la mission du musée qui est de sensibiliser la population à la lutte pour la justice et les droits de la personne dans le monde entier : « Les histoires et l’esprit de ces femmes ont quelque chose à nous apprendre sur la justice, les droits de la personne et l’avenir de l’humanité. Nos histoires ne font qu’une, et leurs histoires continuent d’être une bénédiction de paix et de justice pour notre avenir commun ».
Terry Duguid, député de Winnipeg Sud, a parlé de l’impact continu de la vie de ces dix femmes : « Nous pouvons être rassurés par le fait que leur mémoire est toujours vivante et que, 40 ans plus tard, elles continuent d’inspirer l’espoir et la résilience au sein de la communauté bahá’íe. Nous n’avons pas oublié ces femmes courageuses », a-t-il déclaré.
Au cœur du programme, Nahid Mazloum et Simin Khavari, parentes de trois des femmes exécutées et résidant aujourd’hui au Canada, ont fait des remarques émouvantes. Mme Mazloum, sœur de Roya Eshraghi, 23 ans, et fille d’Ezzat Janami-Eshraghi, 57 ans, a évoqué les bons souvenirs qu’elle a de sa sœur et de sa mère dans les années qui ont précédé leur exécution. Elle s’est souvenue de la joie qu’elles trouvaient à offrir l’hospitalité à d’autres dans leur maison, à passer du temps dans la nature et dans les activités de leur Foi. Réfléchissant à la lutte actuelle pour l’égalité en Iran, elle a exprimé sa profonde empathie pour les familles endeuillées : « Chaque fois que nous entendons parler de belles personnes qui ont perdu la vie, c’est comme si on nous poignardait dans le cœur. Nous savons ce que c’est, et nous savons ce que l’on ressent lorsqu’on perd des membres de sa famille. Tant que nous ne mettrons pas le bien-être de toute l’humanité au centre de nos préoccupations, nous ne connaîtrons pas la paix ».
Mme Khavari a décrit sa sœur, Zarrin Moghimi, âgée de 29 ans au moment de son décès. Elle a parlé de Zarrin pour la littérature et la poésie, ainsi que de la profonde connaissance qu’elle avait de sa Foi. En évoquant le désir des dix femmes de contribuer à leur société, elle a déclaré : « Chaque être humain a un don à offrir à l’humanité. Il faut lui permettre de s’épanouir. Imaginez le monde sans Shakespeare ou Monet. Ces femmes avaient toutes un don à offrir à l’humanité et leur vie a été interrompue ».
Dans les remarques finales de la soirée, Belle Jarniewski, directrice générale du Centre du patrimoine juif, a parlé de la perte et du traumatisme profonds vécus par la communauté juive et le sentiment d’empathie qu’elle a ressenti pour les dix femmes bahá’íes. « L’histoire de la persécution des femmes bahá’íes résonne profondément en nous. Ces femmes extraordinaires ont courageusement lutté pour défendre leur droit à pratiquer librement leur religion. Elles sont des symboles d’héroïsme, d’inspiration et de courage désintéressé. Leur vie était leur foi et leur foi était leur vie. Que leur souvenir soit une bénédiction.
La soirée s’est terminée par une prière chantée par M. Bighorn, suivie d’un puissant chant de tambour de clôture du cercle de tambours de femmes Southern Thunderbird Medicine.
Les points forts de l’événement sont disponibles ici et ici.