Dorothy Maquabeak Francis a été l’une des grandes enseignantes autochtones du Canada, alliant son amour pour Bahá’u’lláh à son désir de promouvoir la culture et l’identité autochtones. Née le 22 mars 1912, Dorothy Maquabeak était membre des Premières Nations des Saulteaux et a grandi dans la réserve Waywayseecappo, près de Russell au Manitoba. Elle a passé les premières années de son mariage à Joseph Francis dans une réserve située tout près de Broadview, en Saskatchewan.
En 1953, un de ses neuf enfants est mort à cause du peu d’équipement hospitalier accessible aux Autochtones du Canada. La famille de Dorothy a déménagé à Regina, en Saskatchewan, mais comme personne ne voulait louer de maison aux Autochtones qui avaient une famille nombreuse, elle a dû s’installer sous la tente en bordure de la ville. À cette époque, moins de 50 Autochtones vivaient dans cette région. Dorothy Francis s’est investie dans la Société autochtone de Regina et a fondé le premier Centre d’amitié autochtone, consacrant la plupart de ses soirées à y dispenser des conseils.
Les Francis ont ensuite déménagé à Winnipeg, au Manitoba, où Dorothy a travaillé au Centre autochtone, d’abord comme directrice des activités artistiques et artisanales, puis comme conseillère familiale. Elle est plus tard devenue agente de développement économique et agente culturelle autochtone, et a été élue présidente du National Arts and Crafts Advisory Committee [Comité consultatif national des arts et métiers]. Elle a également été membre du Ontario Arts and Crafts Advisory Board [Conseil consultatif des arts et métiers de l’Ontario]. Dorothy Francis était une artiste; certaines de ses œuvres ont été exposées au Musée royal de l’Ontario, à Toronto. Elle a animé une émission hebdomadaire consacrée à la culture autochtone sur le réseau radiophonique CBC (le service anglais de Radio-Canada), publié un livre sur les légendes autochtones et enregistré des berceuses autochtones.
C’est Angus Cowan qui a présenté la foi bahá’íe à Dorothy Francis; elle est devenue bahá’íe en 1960. Préoccupée par le conflit qui opposait la culture autochtone à la culture chrétienne, et se demandant quelle place il y avait pour elle et son peuple au sein de la société canadienne, elle a découvert que la foi bahá’íe l’encourageait non seulement à préserver son identité mais aussi à la renforcer.
Dorothy Francis a servi comme membre de plusieurs assemblées spirituelles locales (les conseils chargés des affaires d’une communauté bahá’íe dans une localité); elle a été déléguée à de nombreuses reprises au Congrès annuel bahá’í et a voyagé dans plusieurs régions du Canada pour enseigner la foi bahá’íe. Elle a contribué de plusieurs manières à mettre en valeur la culture et l’identité autochtones. Ses efforts en ce sens lui ont mérité l’Ordre du Canada, en 1978. Vers la fin de sa vie, malgré les séquelles d’un grave accident vasculaire cérébral, elle a créé et organisé un projet sur la spiritualité autochtone pour les services correctionnels de la Colombie-Britannique. Le 16 octobre 1990, Dorothy Francis est morte d’une crise cardiaque, à New Westminster en Colombie-Britannique.
Cet article s’inscrit dans une série sur d’importants personnages historiques de la communauté bahá’íe du Canada, qui ont joué un rôle dans l’établissement et le développement de la communauté au Canada. Au cours de cette année, le Service canadien de nouvelles bahá’íes publiera chaque mois une courte biographie.