En 1948, Emeric Sala a été élu membre de la première Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Canada. Dans les années 1920, il avait été un des premiers jeunes à se joindre à la communauté bahá’íe de Montréal, qu’il a servie grâce à ses talents d’auteur et d’enseignant. Il a consacré les dernières décennies de sa vie au service des communautés bahá’íes en Afrique et au Mexique.
Emeric Sala est né le 12 novembre 1906 dans un petit village hongrois appelé Havas Dombrovica, un nom qu’on pourrait traduire par « village enneigé ». Il était l’aîné des quatre enfants d’un couple juif. Son père était inspecteur de bois scié. Plus tard, sa famille a déménagé à Herrmannstadt dans le Sibenbuergen, aujourd’hui Sibiu en Roumanie, où il a fait ses études.
Après la Première Guerre mondiale, alors qu’il était encore adolescent, Emeric Sala se sentait intensément frustré par le climat militariste, le manque de liberté individuelle ainsi que les préjugés sociaux et religieux des Balkans déchirés par les conflits. Les États-Unis l’attiraient, mais les Roumains ne pouvaient émigrer dans ce pays. Il a donc gagné le port de mer de Hambourg, en Allemagne, où il a trouvé du travail en tant qu’aide sur un navire qui se rendait sur la côte ouest de l’Afrique. Le navire est rentré à Hambourg puis a mis le cap sur Montréal, où M. Sala a débarqué en 1927.
En plus du hongrois, sa langue maternelle, M. Sala parlait le roumain, et un peu d’allemand, de français et d’italien, mais il ne parlait pas un mot d’anglais. Apprendre cette langue est devenu pour lui une obsession. Plutôt que de se contenter de lire des livres en anglais, il désirait l’entendre parler; il assistait donc à toutes les conférences publiques gratuites qu’il pouvait trouver. Une conférence au cours de laquelle May Maxwell présentait la foi bahá’íe a éveillé sa curiosité, et il est devenu bahá’í en 1929. Il a été un des membres fondateurs du premier Groupe de jeunes bahá’ís canadiens à Montréal, qui organisait des cours qui ont rapidement attiré une soixantaine de personnes. Il s’agissait des premiers cours bahá’ís organisés pour les jeunes en Occident. Il y a rencontré Rosemary Gillies, une charmante jeune femme qu’il a épousée en 1934.
La maîtrise de l’anglais, qui avait jadis été un handicap, était désormais un atout pour lui. Propriétaire d’un petit commerce d’importation, il a voyagé dans tout le Canada et profité de toutes les occasions qui se présentaient pour donner des conférences sur la foi bahá’íe. En 1937, May Maxwell lui a suggéré d’inclure une visite à Haïfa dans un de ses voyages d’affaires en Europe. Il a ainsi eu le privilège de passer une soirée seul en compagnie de Shoghi Effendi, le Gardien de la foi bahá’íe. À son retour au Canada, il s’est associé à Siegfried Schopflocher pour acheter la première propriété bahá’íe au Canada, à Beaulac, dans les Laurentides au nord de Montréal; c’est là qu’ont eu lieu les premières écoles bahá’íes d’été et d’hiver au pays.
À la fin de la guerre, en 1945, alors que le monde émergeait d’une crise mondiale et que plusieurs aspiraient à un nouvel ordre social, M. Sala a publié This Earth One Country. Emeric et Rosemary ont tous deux été élus membres de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Canada en 1948, et ils sont demeurés membres de cette institution jusqu’en 1953. Cette année-là, ils ont répondu à l’appel du Gardien qui demandait aux bahá’ís d’aller servir l’humanité partout dans le monde. M. Sala a cédé son commerce à son frère, et Rosemary et lui ont vendu leur charmante maison à Saint-Lambert (Québec), sur la rive du Saint-Laurent, prévoyant s’établir aux îles Comores, au large de la côte est de l’Afrique.
Malgré leurs projets, les autorités françaises ont refusé de leur accorder le droit de résider aux îles Comores, et Shoghi Effendi leur a donc demandé de s’installer au Zoulouland, en Afrique du Sud, où ils ont habité de 1954 à 1955, avant de s’établir à Port Elizabeth, aussi en Afrique du Sud, où ils sont restés jusqu’en 1968. En Afrique du Sud, ils se sont liés d’amitié avec beaucoup d’Africains qui en sont venus à appeler Rosemary « notre mère ». Elle a fondé des bibliothèques scolaires et fait venir des livres d’Amérique du Nord. Après être brièvement rentrés au Canada à la fin des années 1960, les Sala ont gagné Guadalajara, au Mexique, puis ils ont beaucoup voyagé dans toute l’Amérique centrale.
Rosemary Sala est décédée au Mexique le 24 janvier 1980. Emeric a poursuivi son service à la Foi au Mexique, où il s’est plus tard remarié. Donya Knox, sa deuxième épouse, est devenue bahá’íe et, ensemble, ils ont voyagé en Amérique, en Chine, en Inde et en Europe. M. Sala s’est éteint le 5 septembre 1990, quelques semaines après sa femme.