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En Iran, les dirigeants bahá’ís entreprennent la septième année de leur emprisonnement

En Iran, les dirigeants bahá’ís entreprennent la septième année de leur emprisonnement

Puisse Allah préserver, protéger et bénir l’ayatollah Masoumi-Tehrani durant tous ses jours » n’est pas un sentiment que l’on s’attend d’entendre exprimer à un membre du clergé musulman vivant en Iran par un membre du clergé chrétien vivant au Canada. Pourtant, ce sont les paroles que le professeur James Christie de l’Université de Winnipeg, un ministre ordonné, a récemment écrites. Il faisait référence à un geste de réconciliation de l’ayatollah, qui, à son avis, reflète un sentiment de plus en plus répandu parmi les dirigeants religieux du monde, un sentiment qui pourrait réparer certains des dommages infligés à la religion par l’extrémisme et les préjugés.

L’action qui a inspiré le prof. Christie n’était pas une autre simple manifestation d’entente entre chrétiens et musulmans, aussi bienvenue aurait-elle été. C’était plutôt une action de l’ayatollah Masoumi-Tehrani qui, en avril, a présenté un cadeau aux bahá’ís, pour demander pardon pour les persécutions dont ils sont victimes et poser un geste de réconciliation. Pour le régime actuel de l’Iran, cela serait apparemment aller trop loin. En même temps que l’ayatollah et d’autres citoyens ordinaires de l’Iran s’expriment publiquement pour défendre les bahá’ís, l’Iran refuse de changer la peine de vingt ans d’emprisonnement imposée aux dirigeants bahá’ís — une peine qui entre dans sa septième année ce mois-ci. Par ailleurs, les gardiens de la révolution du régime sont maintenant en train de détruire un grand cimetière bahá’í dans la ville de Chiraz, au sud de l’Iran, et on continue de refuser aux bahá’ís l’accès à l’enseignement supérieur et d’autres droits fondamentaux.

Le geste courageux d’un important membre du clergé musulman envers la communauté bahá’íe, dont l’émancipation est considérée comme un test décisif de l’authenticité des réformes dans ce pays, est une lumière prometteuse dans le tableau autrement sombre présenté au monde par l’Iran. Dans le pays du monde où les exécutions sont les plus nombreuses, le régime continue d’emprisonner un grand nombre de réformateurs, de défenseurs des droits de la personne, de journalistes, de dirigeantes féminines, d’étudiants et de travailleurs. Ses actions ont été dénoncées en décembre par le secrétaire général des Nations unies et en mars par son rapporteur spécial sur les droits de l’homme en Iran, mais peine perdue.

Pourtant, si un ayatollah peut élever la voix, d’autres peuvent aussi le faire. Alors que les négociations nucléaires avec l’Iran font les manchettes, son geste est indicatif d’une tragédie qui a déjà eu lieu en Iran et qui se poursuit jour après jour. C’est la tragédie de la violation des droits fondamentaux qui est infligée à une nation dont l’histoire, la culture et la créativité survivront néanmoins aux actions épouvantables d’un régime dont l’idéologie est une version entièrement fausse et déformée de l’islam.

Autour du monde, en Inde, au Pakistan et au Royaume-Uni, un certain nombre de dirigeants musulmans se sont exprimés publiquement et se sont joints à l’ayatollah pour exiger la coexistence religieuse et l’harmonie entre les religions, y compris la foi bahá’íe. Au Canada, se joignant au prof. Christie, le président du chapitre canadien de la World Sikh Organization, M. Amritpal Singh Shergill a écrit « Nous croyons que le fondement de la religion doit être la compassion et l’ayatollah Tehrani nous en a donné un exemple […]. Nous avons espoir que ce geste inspirera d’autres personnes en Iran, et partout dans le monde, à travailler pour mettre fin à la persécution des minoritésreligieuses. »

L’ancienne sénatrice canadienne et modératrice de l’Église Unie, Lois Wilson a dit: « Il convient de noter le récent et généreux geste d’un important érudit musulman en Iran qui a présenté à la communauté bahá’íe un traitement calligraphique d’un passage de leurs Écritures saintes. Par ce geste, il appuie les importantes contributions de la communauté bahá’íe au bien commun, dans un pays où le gouvernement refuse de reconnaitre que la communauté bahá’íe est une collectivité confessionnelle. Les collectivités religieuses du monde qui travaillent pour affirmer la validité et l’intégrité de toutes les confessions qui recherchent le bien commun se réjouissent de son action courageuse. »

Dans sa lettre, le prof. Christie cite Shakespeare, écrivait « Il est dans les affaires des hommes une marée qui, prise à son heure, les conduit à la fortune. » Ces paroles, dit-il, l’ont poussé à écrire, car les paroles de l’ayatollah « et son cadeau augurent une marée montante de réconciliation, de paix et d’espoir entre les religions, dont tous les gens de bonne volonté doivent sûrement parler et pour laquelle ils doivent agir, non pas pour la fortune, mais parce qu’ils sont animés par la foi. »

« Après presque deux siècles d’intolérance et de persécution [des bahá’ís] de la part des autorités persanes et iraniennes, la générosité et le courage de l’ayatollah sont une manifestation de la paix et de la miséricorde qui se trouvent au cœur de l’islam et qui, comme dans toutes nos religions, sont trop souvent mises de côté pour des raisons de pouvoir, de politique et de préjugés. »

Texte intégral de la lettre du Prof. Christie.

Durant la septième année de l’emprisonnement des dirigeants bahá’ís, la lumière qui commence à briller en Iran deviendra peut-être suffisamment brillante pour ouvrir les portes de prison.