Comment pouvons-nous imaginer un avenir dans lequel l’égalité des femmes et des hommes a été pleinement réalisée dans la société ? Quel type de transformation serait nécessaire pour réaliser cette vision ?
Ces questions ont été au cœur d’une table ronde organisée par le Bureau des affaires publiques pour marquer la Journée internationale de la femme, le 8 mars 2022.
« Bien que le principe de l’égalité des femmes et des hommes soit largement accepté dans la société d’aujourd’hui, nous voyons encore comment les effets de siècles d’inégalité freinent notre société », a déclaré Geoff Cameron, directeur du Bureau des affaires publiques. « Cet échange a été l’occasion d’explorer plus profondément comment ce principe fondamental, qui est au cœur des enseignements bahá’ís, peut être traduit dans la réalité. »
Organisée sous la forme d’un webinaire Zoom, la conférence a rassemblé plus de 100 personnes de tout le pays pour entendre trois éminentes panélistes discuter de l’avenir de l’égalité des sexes dans différents secteurs de la société.
Afsoon Houshidari qui animait la discussion a commencé par attirer l’attention sur les écritures bahá’íes, qui soulignent l’importance de l’égalité des sexes : « Tant que la femme n’atteindra pas le même degré que l’homme, tant qu’elle ne jouira pas de la même arène d’activité, l’humanité ne pourra pas accomplir ses réalisations extraordinaires ; l’humanité ne pourra pas voler vers les sommets de réels accomplissements. »
La sénatrice Marilou McPhedran, avocate spécialisée dans les droits de l’homme et fondatrice de plusieurs organisations de défense des droits des femmes, a souligné les réformes politiques nécessaires pour parvenir à l’égalité des sexes. Elle a fait remarquer que si de grands progrès ont été accomplis en faveur de la parité hommes-femmes au Sénat canadien, la culture politique continue d’être influencée par le « patriarcat », où les hommes dominent les postes de direction.
Elle a été suivie par Ana Serrano, présidente et vice-chancelière de l’Ontario College of Art and Design. Elle s’est inspirée d’une citation du regretté Dr Paul Farmer, qui a dit : « L’idée que certaines vies comptent moins est la racine de tout ce qui ne va pas dans le monde ». Elle a fait le lien avec le mouvement féministe, qui a cherché à « tracer une voie vers le démantèlement de ces mêmes systèmes [d’oppression] ».
Mme Serrano a ensuite invité le public à réfléchir à la manière dont l’inégalité entre les sexes se manifeste dans la conception et l’utilisation de la technologie. Elle a fait remarquer que la technologie n’est « pas neutre » et qu’elle ne fait qu’étendre notre capacité à organiser la société, amplifiant souvent les problèmes sociaux que nous avons laissés sans solution. Nous devons tenir compte de l’égalité des sexes lorsque nous concevons des technologies et que nous cherchons à en réglementer l’utilisation, a-t-elle observé.
Natalia Rodriguez, membre de la communauté bahá’íe et associée chez Conway Baxter s.r.l., a parlé de son expérience dans la profession juridique. Elle a fait remarquer que, malgré l’augmentation du nombre d’avocates qui entrent dans la profession — près de 60 % des plus jeunes avocats de l’Ontario sont des femmes — il existe d’importantes disparités salariales entre les hommes et les femmes, ainsi que des écarts importants dans la représentation au niveau de la direction. Cette situation s’explique par des facteurs culturels et structurels qui découragent l’avancement des femmes au sein de la profession.
Mme Rodriguez a ajouté que la perpétuation de l’inégalité ne désavantage pas seulement les femmes, elle prive également la profession — et la société en général — des avantages qui découlent de la pleine participation des femmes.
En outre, ce qui est le plus nécessaire à long terme, c’est l’éducation. Mme Rodriguez a souligné qu’il faut enseigner à tous des qualités spirituelles, comme l’empathie, si nous voulons voir l’éradication de l’injustice et de l’inégalité.
« Lorsque nous enseignons l’empathie, c’est un sentiment naturel de vouloir s’assurer que chacun d’entre nous est élevé dans la société comme il se doit », a-t-elle dit. « Les gens interviennent quand ils voient des choses qui ne sont pas justes, quand ils voient des comportements qui vont à l’encontre de ces principes d’égalité et de justice. »
À la fin de la table ronde, Mme Houshidari a remercié les participantes d’avoir pris part à la discussion et a fait remarquer que « Nous faisons vraiment partie d’un mouvement, chacun d’entre nous est comme une goutte d’eau dans une mer, et nous espérons que cette mer gonflera et que la marée de l’égalité des hommes et des femmes triomphera sur les rivages du monde. »