À la suite de l’enquête du sénat canadien concernant la persécution des bahá’ís iraniens, la première sénatrice musulmane du Canada a vivement critiqué l’Iran pour l’inculpation et l’emprisonnement des enseignants bahá’ís.
La sénatrice Mobina Jaffer a déclaré que le fait que l’Iran ait maintenant criminalisé l’éducation des jeunes était « sans précédent ».
«Quelle est cette cruauté, qu’un gouvernement puisse emprisonner ses citoyens parce qu’ils instruisent d’autres personnes et qu’il fasse de l’éducation un crime ?» a-t-elle demandé au sénat.
Lire le discours de la sénatrice.
C’est la sénatrice Jaffer elle-même qui a demandé l’enquête en juin dernier, un mois après que les autorités iraniennes eurent fait des descentes dans quelque 39 maisons de bahá’ís associés à l’initiative informelle de la communauté – connue sous le nom d’Institut bahá’í d’enseignement supérieur – mise en place pour instruire les jeunes bahá’ís exclus de l’université.
Faisant référence à l’enquête, la sénatrice Jaffer a indiqué que son inquiétude concernait maintenant les sept enseignants bahá’ís qui ont été condamnés à quatre et cinq ans de prison.
«Parmi les personnes condamnées à quatre ans de prison se trouvait Nooshin Khadem, une résidente permanente du Canada, titulaire d’un MBA (maîtrise en administration des affaires) de l’université de Carleton», a-t-elle précisé.
«Nooshin est venue au Canada parce que l’université de Carleton a reconnu l’équivalence de ses études faites à l’Institut bahá’í avec des études universitaires. Elle a ensuite regagné l’Iran pour transmettre ses connaissances aux autres.»
«Maintenant, elle est en prison pour avoir commis le «crime» de transmettre ses connaissances.»
Parmi les autres bahá’ís qui ont récemment été arrêtés et emprisonnés, deux autres ont aussi obtenu des diplômes au Canada – diplômes que l’Iran qualifie maintenant d’«illégaux», a fait remarquer la sénatrice Jaffer.
Les époux Kamran Rahimian et Faran Hessami ont terminé des études supérieures en aide psychosociale à l’université d’Ottawa.
La Communauté internationale bahá’íe a récemment appris que Mme Hessami avait été libérée sous caution le 28 novembre. Elle et son mari attendent toujours d’être jugés. Leur fils de deux ans a dû vivre avec des membres de la famille, pendant que ses deux parents étaient en prison.
«En tant que nation qui défend les droits de l’homme et le pluralisme des valeurs religieuses, nous devons continuer à nous dresser et à faire face à la menace que représente l’Iran pour son propre peuple», a affirmé la sénatrice Jaffer jeudi dernier.
«L’Iran peut faire la sourde oreille aujourd’hui, mais le peuple iranien écoute. Il doit savoir que le Canada est à ses côtés et qu’il continuera à se prononcer en faveur de ses droits fondamentaux et de ses libertés.»
La semaine dernière également, le sénateur Romeo Dallaire – l’ancien commandant des forces de maintien de la paix des Nations unies qui a essayé de mettre fin au génocide de 1990 au Rwanda – a déclaré au Sénat que les actions actuelles de l’Iran contre les bahá’ís lui rappelaient ce à quoi il avait assisté en Afrique.