« Entre justice et compassion, où se trouve le juste milieu? », tel est le titre choisi pour la conférence multiconfessionnelle grand public qui a eu lieu lors de la Journée mondiale de la religion, à Victoria. L’événement a attiré plus de 150 personnes, dont des universitaires, des étudiants, et des membres de diverses confessions.
La communauté bahá’íe de Victoria et les services multiconfessionnels de l’Université de Victoria, en collaboration avec la Victoria Multifaith Society, la Inter-Cultural Association et la Restorative Justice Victoria, ont organisé la conférence pour marquer la Journée mondiale de la religion qu’on célèbre, dans diverses régions du monde, le troisième dimanche de janvier depuis 1949. Le but de la Journée mondiale de la religion est de promouvoir « l’entente et l’harmonie entre les diverses croyances religieuses en mettant l’accent sur les points communs à toutes les religions ».
Les débats d’experts rassemblaient des femmes et des hommes de différentes traditions religieuses : spiritualité autochtone, bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam, judaïsme, sikhisme et foi bahá’íe.
Les représentants des huit confessions étaient divisés en deux panels, et chacun a d’abord fait un exposé de cinq minutes sur la justice et la compassion; des commentaires et des questions des autres panélistes et du public ont suivi. Le ton était respectueux, plein d’esprit, réfléchi et sincère.
À plusieurs reprises, on a mentionné que la véritable justice se devait d’être à la fois réparatrice et compatissante. Le Dr Mary-Wynne Ashford, membre de la communauté bahá’íe de Victoria, a déclaré que, pour établir la justice, il était important de faire preuve d’une compassion et d’une générosité infinies envers nos semblables.
Eshu Martin, le panéliste bouddhiste, a brièvement expliqué le concept de l’unité de tout ce qui compose la réalité, qui se manifeste dans une variété infinie de formes qui nous semblent distinctes les unes des autres mais qui, en définitive, font partie d’une même totalité spirituelle commune. Par conséquent, tout comportement dépourvu de compassion est vain et autodestructeur, puisqu’en fin de compte, on en est soi-même la victime. Ce même concept a été repris par d’autres panélistes comme faisant partie intégrante de leur propre foi.
Les questions de réparation et de réconciliation ont constitué un autre thème commun, en ce qui concerne l’intégrité de la communauté et l’importance de chacun de ses membres.
Sabrina Williams a parlé de spiritualité autochtone, dans laquelle le concept de justice réparatrice constitue une tradition fondamentale. Elle a raconté que les aînés d’une collectivité ont rendu visite à des trafiquants de drogue et les ont convaincus de redevenir des membres actifs de leur communauté en leur disant : « Nous connaissons votre famille, nous connaissons votre histoire, nous connaissons votre lignée », et leur ont rappelé leur noblesse en tant qu’êtres humains.
Le rabbin Harry Brechner a raconté une histoire qui illustre une leçon que l’humanité a apprise il y a longtemps, quand les membres les plus faibles d’un groupe, qui n’arrivaient pas à suivre les autres au cours d’une longue marche, avaient été attaqués et tués. On a appris qu’il fallait protéger les individus les plus fragiles en les plaçant au milieu du groupe, de façon à ce qu’ils soient soutenus physiquement et moralement par les plus forts. Ce principe, a-t-il ajouté, a des implications profondes, alors qu’il nous faut trouver des solutions à des problèmes urgents comme l’itinérance et la santé mentale.
Lorsqu’on l’a interrogé sur la justice et la charia, le cheik Afraz Baksh a expliqué qu’à l’origine, les lois islamiques s’adressaient à une population arabe plongée dans la barbarie. Ce sont leurs concepts puissants de justice et d’équité, dont le principe révolutionnaire de permettre aux femmes de posséder des richesses, qui ont transformé et uni les tribus arriérées pour en faire l’une des civilisations les plus avancées de l’époque.
Les échanges qui ont suivi les exposés illustraient bien l’esprit d’unité qui régnait lors de cet événement, et la dernière question posée pourrait bien servir de base à une toute nouvelle exploration du sujet : « Le chemin que nous avons parcouru et ce qu’il nous reste à accomplir concordent merveilleusement; comment faire maintenant pour parvenir à cet objectif commun? »