Chaque fois qu’il crée une nouvelle œuvre d’art, Otto Rogers a le sentiment d’attendre quelque chose. « Au cœur de l’acte de création, se trouve l’attente d’une aide », affirme Otto Rogers, un artiste de 72 ans, sur qui porte un important nouveau livre publié par Radius Books, une nouvelle maison d’édition établie à Santa Fe, au Nouveau Mexique.Des copies du livre d’art Otto Donald Rogers sur un arrière fond de ses dernières œuvres exposées à la librairie David Mirvish Books.
Cet ouvrage intitulé Otto Donald Rogers est paru le mois dernier. « C’est une émotion bien particulière que de sentir qu’un pouvoir extérieur vous assiste et exerce une influence sur vous », explique l’artiste en parlant de la motivation spirituelle qui peut se cacher au cœur du travail du peintre.
« Je n’ai jamais pu imaginer ce qu’une peinture en cours allait devenir, et il en est toujours ainsi aujourd’hui. J’ai toujours hâte de voir ce que l’aide que je vais recevoir m’aidera à produire. »
Son envol artistique a commencé à dix-sept ans, peu après avoir quitté sa ville natale en Saskatchewan, pour étudier au collège de formation des enseignants à Saskatoon et ensuite à l’Université du Wisconsin.
De manière symbolique, l’immensité de l’espace du paysage saskatchewanais est très présente dans ses peintures et constructions, qui poursuivent la tradition visuelle des grands artistes du 20e siècle dont George Braque, Kurt Schwitters et Antonio Tapies.
Aux États-Unis, au milieu des années 50, Rogers a d’abord découvert les maîtres modernes de l’époque, des artistes comme Mark Rothko et Robert Motherwell qui ont influencé son approche de la peinture.
Environ à la même époque, il a entendu parler de la foi bahá’íe pour la première fois. C’est d’ailleurs par Barbara, sa future femme, qu’il a découvert cette religion, dont il est devenu un adepte. Aujourd’hui, presque cinquante ans plus tard, ces deux aspects de sa vie, sa foi et son art, se sont développés de manière symbiotique.
« L’enivrement engendré chez moi par le monde naturel quand j’étais enfant s’est alors combiné aux impressions que j’avais de l’art contemporain et ont eu un effet transformateur » écrit-il dans le texte fascinant contenu dans Otto Donald Rogers, un ouvrage de 177 pages consacré à des reproductions couleur d’œuvres créées au cours des dix dernières années.
Cet ouvrage, dont la première édition est limitée à un tirage de 1 200 copies, sera distribué à environ 300 bibliothèques publiques en Amérique du Nord. Sky Glabush, artiste et essayiste est l’auteur de l’introduction.
« Dans un sens idéaliste et avant-gardiste, il est un artiste moderne, comme Picasso, ou comme Kandinsky qui est plein de lumière et de promesse et comme Mondrian qui exprime un idéalisme utopique », écrit Glabush.
« Rogers a souvent décrit son travail en studio comme une forme d’adoration. Ce n’est pas que son travail copie la prière ou illustre un état spirituel. C’est plutôt que l’acte de peindre, en s’efforçant d’atteindre la perfection, devient une forme de dévotion. »
Otto Donald Rogers lors du lancement de son livre à la librairie Mirvish Books, le 7 novembre dernier« Pour Rogers, l’art est une forme de supplication, dont l’expression la plus pure est l’unité. »
Considéré comme un important moderniste, au Canada aussi bien qu’à l’étranger, la réputation d’Otto Rogers, généralement reconnu comme étant parmi les plus importants peintres canadiens, sera rehaussée par ce nouveau livre, affirme Darius Himes, qui est photographe, auteur, éducateur et co-fondateur de Radius Books, une maison d’édition qui se voue à la publication de livres d’intérêt général sur l’art et la culture.
Himes et Rogers se sont rencontrés il y a environ quinze ans, alors qu’ils servaient tous les deux au Centre mondial bahá’í, à Haïfa, en Israël. « J’étais un jeune photographe, je venais de sortir d’une école d’art et il m’a beaucoup encouragé et influencé, en particulier en m’incitant à penser d’avantage à l’art et l’effet des images », explique Himes.
Il y a environ trois ans ils ont repris contact et ont commencé à parler de produire « un petit catalogue ». Le projet a pris de l’ampleur et est devenu un livre substantiel et ils continuent de discuter la possibilité de produire d’autres livres sur l’œuvre de Rogers.
« Le texte d’Otto est particulièrement important puisqu’il aborde des questions qu’il a tenté d’éclaircir pendant les quarante cinq dernières années », explique Himes. « J’adore son travail. Ses œuvres sont empreintes de tranquillité, elles nous invitent à une forme de méditation qui tient plus de la quiétude. Mais elles sont en même temps très dynamiques. »
« A mes yeux, l’élément central de son approche est de prendre des éléments qui sont différents les uns des autres et de créer une certaine unité entre eux. » Himes souligne que Rogers a produit une quantité énorme de pièces, puisque chaque année pendant les dernières 45 années, il a créé l’équivalent d’une exposition en solo.
« Et il a continué à évoluer », explique Himes. « Son travail est devenu très dynamique. »
Bien qu’il ait enseigné l’art pendant 30 ans et encouragé un grand nombre de jeunes artistes à entreprendre un effort créatif, Rogers dit qu’il est lui-même un étudiant dans ce domaine.
« Je viens tout juste de rentrer de New York où j’ai passé deux semaines à regarder des œuvres d’art », dit-il. « J’ai rapporté 35 nouveaux livres. J’ai maintenant 1 200 livres d’art dans ma bibliothèque et pourtant je continue à en acheter d’autres. » Rogers habite dans le comté Prince Edward en Ontario.
Pour en savoir plus sur ce nouveau livre, veuillez visiter Radius Books et cherchez dans la section des livres sortis à l’automne 2007.