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La 36e conférence de l’Association des études bahá’íes : pleins feux sur la justice

La 36e conférence de l’Association des études bahá’íes : pleins feux sur la justice

Plus de 1 400 personnes ont participé, à Montréal du 9 au 12 août, à la trente-sixième conférence de l’Association des études bahá’íes (AÉB). La conférence, tenue à mi-parcours du centenaire de la commémoration de la visite en Amérique du Nord de ‘Abdu’l-Bahá, qui était alors à la tête de la foi bahá’íe, avait pour thème « La vision de ‘Abdu’l-Bahá pour l’Amérique du Nord ».

Montréal est la seule ville canadienne visitée par ‘Abdu’l-Bahá lors de son voyage en Amérique du Nord. Les causeries qu’il a données à Montréal, et ailleurs, ont couvert un éventail de questions d’intérêt public, et étaient directement liées aux principes et aux enseignements bahá’ís : l’importance des droits des femmes; la nécessité d’éliminer les préjugés et le racisme; les éléments essentiels d’une nouvelle conception de l’éducation; et les fondements nécessaires à l’établissement d’une civilisation mondiale véritablement basée sur la justice et la paix.

La journée qui a précédé l’ouverture officielle de la conférence a été consacrée à des sessions portant sur divers sujets : comment réaliser l’équilibre entre les études universitaires et l’engagement bahá’í; l’étude d’extraits de lettres récentes de la Maison universelle de justice pour comprendre le processus et la dynamique de l’apprentissage; la production et l’application des connaissances pour promouvoir le développement des communautés; et le défi moral d’un système économique rongé par l’intérêt personnel et les inégalités.

La conférence a officiellement débuté jeudi soir, par le discours thème de M. Douglas Martin qui a rappelé les objectifs et l’histoire de l’Association des études bahá’íes. Rappelons que M. Martin faisait partie du premier comité de l’AÉB et de l’Assemblée nationale des bahá’ís du Canada, quand a été inaugurée l’Association dans les années 1970. Il a invité l’AÉB à réfléchir sur ses buts, en tenant compte des conditions présentes, tant dans la communauté bahá’íe que dans le monde – ces conditions constituant un défi bien plus grand que celles qui prévalaient il y a 35 ans, à l’époque où l’Association est devenue un élément vital et créatif de la vie communautaire bahá’íe.

Plusieurs des sujets abordés par ‘Abdu’l-Bahá dans ses causeries en Amérique du Nord l’ont aussi été lors des sessions plénières et dans les séances en ateliers, tout au long de la conférence. De toutes les notions analysées lors de ces sessions, le concept de justice est ressorti comme l’élément primordial de plusieurs présentations. Deux orateurs éminents de la scène publique canadienne en ont fait le thème central de leur allocution : M. Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice du Canada, et Mme Louise Mandell, avocate et défenseur reconnue des droits des Autochtones de la côte Ouest. Ils ont tous deux parlé avec passion et ont fait part de l’expérience de toute une vie consacrée aux droits humains, ayant recours à la loi pour redresser les injustices, et exigeant que les politiques et les lois gouvernementales servent les meilleurs intérêts de ceux qui subissent l’injustice et les mauvais traitements.

Tous ont deux présenté les raisons impérieuses pour lesquelles la réconciliation véritable et l’établissement de la justice exigent aujourd’hui qu’une plus grande attention soit accordée au travail plus approfondi et complexe que nécessite la reconstruction des relations humaines sur la base de l’amour et du respect mutuel, au-delà des barrières historiques de l’injustice et de l’ignorance.

Le vendredi matin a débuté avec une présentation de Mme Louise Mandell, dont le travail de défense des droits des peuples autochtones représente une contribution remarquable à la vie publique canadienne. Après de bien nombreuses années passées sur la ligne de front des actions légales afin de changer la société, elle est arrivée à la conclusion que la loi et les mesures législatives demeurent inefficaces, à moins que tous les citoyens ne s’engagent également, dans leur vie personnelle, familiale et communautaire, à contribuer davantage à la réconciliation. Elle a conclu son compte rendu de l’histoire de la lutte pour la justice devant les effroyables injustices et souffrances endurées par les premiers habitants de ce pays en demandant à tous de poursuivre cette lutte en vue d’établir une base d’amour et de confiance parmi tous ceux qui considèrent le Canada comme leur demeure.

Les seize séances en ateliers de vendredi après-midi, au cours desquelles plus de 35 personnes ont offert des présentations, ont touché des sujets aussi variés que la science et la religion, l’éducation, la réconciliation, le conte, l’économie, l’histoire, les affaires internationales, l’entreprise et les arts. Toutes les salles étaient combles, et les discussions se sont poursuivies avec enthousiasme dans les corridors. Un des sujets a consisté à examiner le défi lancé par la Maison universelle de justice à la Communauté bahá’íe à Ridván (au mois d’avril) 2012, soit celui d’identifier les hypothèses qui sous-tendent toute institution et toute pratique dysfonctionnelles, dont les institutions et pratiques économiques, qui exigent une réponse morale et spirituelle plus énergique.

La session plénière de vendredi soir a été consacrée à la présentation de plusieurs bourses d’études, suivie d’un gala musical inspirant.

Samedi matin, la justice a de nouveau été au cœur des présentations, avec l’examen attentif de l’exclusion, de l’injustice et du sectarisme qui caractérisaient autrefois le système d’éducation au Québec. Au cours des décennies qui ont suivi la visite de ‘Abdu’l-Bahá, ce système a évolué selon une vision plus universelle et équitable de l’éducation. ‘Abdu’l-Bahá avait la conviction que la population du Québec était ouverte à tous et accueillante, une opinion que tous ne partageaient pas à l’époque de sa visite, conviction qui apparaît de façon évidente dans les actions entreprises par le Québec pour remodeler son système scolaire, et d’autres composantes de sa société, de façon à promouvoir un système d’éducation ouvert, juste et pluraliste.

Cette présentation minutieuse a été faite par trois remarquables chercheurs chevronnés de l’Université Laval : Claire Lapointe, professeure titulaire et directrice du département des fondements et pratiques en éducation; Luc Bégin, professeur de philosophie et directeur de l’Institut d’éthique appliquée; et Lyse Langlois, professeure titulaire au département des relations industrielles. Mme Langlois a présenté un élément qui pourrait permettre d’ajouter un complément pertinent aux initiatives en éducation très laïques de cette province, en démontrant l’énorme potentiel de l’approche bahá’íe de l’éducation pour générer chez les jeunes adolescents un esprit de service envers autrui et la communauté, grâce à la transformation spirituelle et morale qui en est la base.

Au programme de la session de samedi matin figurait également une causerie donnée par le professeur Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice du Canada et député actuel pour la circonscription de Mont-Royal. M. Cotler a offert un compte rendu à la première personne de l’histoire contemporaine des droits humains, qui comprend le combat pour la justice de ceux qui vivent dans la pauvreté, les actions visant à aider des dissidents avant l’effondrement de l’Union soviétique, l’impact de l’Accord d’Helsinki, ses premières rencontres avec les populations autochtones du Canada en tant que ministre de la Justice, et les principes de justice qu’il s’est efforcé d’appliquer lorsqu’il occupait ce poste et tout au long de sa carrière en tant que le défenseur de ceux qui subissent l’injustice. Il a terminé son allocution en parlant des initiatives mises en place pour faire avancer la cause de la justice au Moyen-Orient, et en mentionnant les injustices et l’oppression que connaît aujourd’hui la population d’Iran, dont les membres de la communauté bahá’íe.

Un moment important de toutes les conférences de l’AÉB est la conférence commémorative Hasan M. Balyuzi, prononcée le samedi soir par M. Shapour Rassekh, auteur, consultant pour l’UNESCO et ancien secrétaire d’État pour la planification économique et sociale en Iran. M. Rassekh a présenté un exposé bien documenté, détaillé et pénétrant sur ‘Abdu’l-Bahá, en soulignant le but principal et la réalisation de sa visite dans l’Ouest : établir la paix mondiale et une nouvelle civilisation.

À l’instar de toutes les autres sessions, la conférence s’est terminée dimanche dans la joie, par des prières et de la musique. Ann Boyles, conseillère, a pris la parole à la fin d’une session qui abordait, sur un plan plus intime, la justice et d’autres concepts clés de la philosophie bahá’íe : quelques aperçus de la vie de Louis Gregory, un Afro-Américain; une présentation d’un ouvrage portant sur la vie de Jim et Melba Loft – le premier croyant et la première famille autochtones à adhérer à la foi bahá’íe au Canada; et une description du développement très lent mais prometteur de la communauté francophone bahá’íe au Canada. Mme Boyles a présenté avec éloquence la signification et l’importance primordiale de trois termes simples mais profonds : aptitude, effort et magnanimité.