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La conférence de Vancouver vise à redéfinir le concept de religion et de laïcité au Canada

La conférence de Vancouver vise à redéfinir le concept de religion et de laïcité au Canada

« Nous devons dépasser le dualisme du religieux versus le laïque, du public versus le privé, de la foi versus la raison, et nous appliquer plutôt à travailler ensemble au bien-être de l’ensemble de notre société. »

C’est par ces remarques que la révérende Karen Hamilton, secrétaire générale du Conseil canadien des Églises, a ouvert la conférence « Our Whole Society : Bridging the Religious-Secular Divide » [« Une société complète — Combler le fossé religieux et laïque »], organisée, du 22 au 24 mars 2015, par l’Institut Laurier de l’Université de la Colombie-britannique. La conférence a été planifiée par un comité directeur national représentant des diverses organisations de la société civile canadienne, y compris la Communauté bahá’íe du Canada. Environ 140 personnes y ont participé.

Au cours de la période précédant la conférence, le Vancouver Sun et le Calgary Herald ont publié un éditorial de Mme Hamilton et de Geoffrey Cameron, chercheur principal de la Communauté bahá’íe du Canada, dans lequel ils expliquaient le but de la conférence : « Nous devons trouver une nouvelle façon de parler de notre vie commune, » ont-ils écrit. « Si nous pouvions apprendre à intégrer davantage le pluralisme religieux à notre discours public, nous pourrions augmenter la participation civique et élever le niveau de notre dialogue national. […] Il faut que nous soyons convaincus, en tant que société, que différentes croyances et pratiques religieuses (même celles que nous ne comprenons pas) peuvent être introduites dans le discours public sans mettre en danger la cohésion sociale. » L’article précise que la conférence « vise à apporter une contribution modeste à notre vision d’une sphère publique plus tolérante au Canada, où chacun est respecté et accepté. »

Le programme de la conférence présentait d’éminents érudits canadiens, auteurs et protagonistes de la société civile, qui ont tous examiné les divers aspects du thème de la conférence. « Nous avons invité des conférenciers engagés publiquement à l’amélioration de la société canadienne, et au développement du rôle de la religion dans cette société, » a dit M. Cameron. Il a expliqué que les organisateurs considéraient que la conférence faisait partie d’un processus permanent de questionnement général, qui s’appuie sur les conclusions de conférences antérieures pour formuler des questions qui seront la base de discussions futures.

Mme Lisa Grushcow, rabbin du temple Emanu-El-Beth Sholom de Montréal, a participé à l’ouverture de la conférence en décrivant les nombreux rôles que la religion continue de jouer dans la société moderne, malgré les attentes de la sécularisation : « elle répond à la recherche de sens, elle répond à la recherche de communauté, et elle répond à la recherche du bien-être général, » a-t-elle remarqué.

Le professeur John Stackhouse, théologien au Regent College, a ajouté que les religions subissent une pression croissante dans la société, car elles sont des obstacles à la consommation. « Investir dans des “organisations intermédiaires” entre les citoyens et l’État — tels que les groupes religieux et la société civile — fait partie intégrante de l’établissement d’une société unie. » Cependant, la diversité religieuse au Canada exige que chaque religion réexamine ses croyances pour « déblayer le terrain sur lequel il faut vivre avec d’autres qui sont différents. »

Plusieurs thèmes majeurs ont encadré les présentations et les discussions de la conférence : le rôle approprié de la religion dans la sphère publique, les mérites et les limites de la laïcité, le processus de reconnaissance des peuples autochtones et la réconciliation, comment définir le bien-être commun dans le contexte du pluralisme religieux, la portée et les limites de la liberté religieuse, et le rôle des jeunes dans la société.

La conférence comportait des séances plénières avec d’éminents intellectuels et protagonistes de la société civile canadienne, ainsi que des ateliers avec des praticiens qui ont partagé les acquis de leur expérience. Marie Wilson, membre de la Indian Residential Schools Truth and Reconciliation Commission, a demandé aux participants de considérer la réconciliation avec les peuples autochtones comme un processus continu, individuel et collectif, qui concerne tous les Canadiens. « Les valeurs sont spirituelles par nature et les religions nous procurent un vocabulaire commun pour capter ces valeurs universelles, » a-t-elle dit. « Nous devons apprendre à l’utiliser pour élaborer notre politique publique. »

Plusieurs personnes ont présenté les avantages de la laïcité comme approche de la gouvernance, qui garantit le droit fondamental à la liberté religieuse. Cependant, poussée trop loin, la laïcité peut restreindre le rôle des perspectives religieuses dans le discours public. Le professeur Paul Bramadat, un des éminents érudits canadiens sur la religion, a attiré l’attention sur le point suivant : « Il est important de garder vivants, dans le discours public, les outils et les concepts religieux et de ne pas perdre leur signification dans une “traduction” laïque. » De son côté, Alia Hogben, directrice du Canadian Council of Muslim Women, a fait remarquer que nous avons besoin de critères pour évaluer le rôle de la religion dans la vie publique :« La religion contribue-t-elle au développement du bien-être collectif? Est-ce qu’elle sert le bien-être de tous? Si c’est le cas, elle doit être intégrée au discours public. »

La participation de douzaines d’adolescents et de jeunes adultes a contribué à enrichir la conférence. La Inspirit Foundation a envoyé une délégation de jeunes leaders de tout le pays, dont Eric Farr, un membre de la communauté bahá’íe. Dans le cadre d’un atelier, il a dit : « Beaucoup de jeunes aspirent à une vision de changement spirituel – c’est-à-dire une vision d’une société plus unie et plus juste. » Christine Boyle, directrice d’une organisation de jeunes à but non lucratif, a ajouté que beaucoup d’actions sociales menées par les jeunes manifestaient un désir spirituel de créer un monde meilleur par un service désintéressé.

Un des événements importants a été une conversation avec Andrew Bennett, ambassadeur du Bureau de la liberté de religion du Canada. M. Bennett a décrit la relation entre la défense de la liberté religieuse et la promotion de la dignité humaine, qui sont essentielles à la définition d’une vie commune. « Il est important que les institutions de la société aient la capacité de dialoguer avec diverses religions » , dit-il. « La connaissance religieuse façonne les actions des membres de la société, et c’est par des conversations ouvertes que nous perfectionnerons cette connaissance. »

Le discours de clôture de la conférence a été prononcé par Douglas White, au cours d’une séance intitulée « Reconnaître notre unicité ; la réconciliation comme le défi de notre époque. » M. White est le directeur du Centre for Pre-Confederation Treaties and Reconciliation à l’Université de l’île de Vancouver et membre et ancien chef de la Première Nation Snuneymuxw. Il a dénoncé l’injustice et les préjugés qui affectent la relation du Canada avec ses peuples autochtones, et a insisté sur le rôle des tribunaux et des processus politiques pour corriger certains de ces problèmes. Cependant, « S’opposer les uns aux autres n’est pas un chemin vers la réconciliation. […] Les procès peuvent être nécessaires, mais ils ne suffiront pas à créer le futur que je désire pour mes enfants », a dit M. White. « Il faut un discours dynamique et complet concernant le changement social nécessaire afin de réaliser la réconciliation dans la société. » La réconciliation, a-t-il dit, « demande un changement de mentalité et une nouvelle façon de nous regarder nous-mêmes, les uns les autres, et tous ceux qui nous entourent. Cela constitue un défi spirituel, moral et éthique pour tous les Canadiens. »

« Nous sommes très satisfaits de la qualité du dialogue à la conférence, et du réel enthousiasme qui a accueilli les idées exprimées par d’autres participants, » a dit M. Cameron. « Cette conférence est un second jalon de ce qui est maintenant une collaboration de quatre ans entre les organisateurs, et nous nous tournons déjà vers la prochaine itération, en 2017. »

Pour plus d’informations au sujet de la conférence, y compris le programme et le texte des présentations, allez sur:www.ourwholesociety.ca

Le Service de nouvelles du Centre mondial bahá’í a aussi publié un article sur cet événement:http://news.bahai.org/story/1048