« Nous pouvons mettre l’accent sur une approche du type “nous contre eux”, ou sur une approche où nous apprenons de l’expérience pour créer une […] société qui nous permettra de bien vivre ensemble dans un avenir complexe. »
Ces remarques du professeur Lori Beaman ont contribué à encadrer la discussion qui s’est déroulée au cours de la conférence Une Société complète, coparrainée par la Communauté bahá’íe du Canada et la Conversation interreligieuse canadienne. La conférence, qui se tient tous les deux ans depuis 2013, avait lieu pour la cinquième fois et, le 4 mai dernier, elle réunissait virtuellement plus de 250 personnes.
Son objectif est de « favoriser un nouveau dialogue sur le rôle changeant de la religion dans la société canadienne. »
Les conférences antérieures ont eu lieu à Montréal, Vancouver, Ottawa et Toronto. Des centaines de personnes y ont pris part à une conversation sur ce que les idées de la religion et son expérience peuvent contribuer à la réflexion sur les défis auxquels la société canadienne est confrontée.
« La conférence de cette année nous a montré, une fois de plus, le potentiel qui existe pour que la religion soit une force constructive dans la société canadienne », a déclaré Geoffrey Cameron, président du comité directeur de la conférence et directeur des affaires publiques de la Communauté bahá’íe du Canada. « Nous avons entendu dire que les idées, les valeurs et les institutions de la religion ont été une partie importante de notre réponse collective au COVID, et que la religion soutient les processus de réconciliation, d’établissement des réfugiés et de développement de la solidarité sociale. »
La conférence s’est ouverte sur un chant d’honneur dakota interprété par Jordan Bighorn, de Winnipeg, dans le territoire du Traité n° 1. Il a traduit les paroles de la chanson comme suit : « Grand Esprit, aide-moi, je veux la vie, c’est mon humble prière ».
Le premier panel de la conférence a examiné les défis rencontrés par la liberté de religion ou de conviction, et les intervenants se sont concentrés sur les conditions créées par la pandémie du coronavirus. Le professeur Beaman a fait remarquer que les groupes confessionnels ont joué un rôle majeur dans la réponse à la pandémie, et que la grande majorité d’entre eux se sont conformés aux directives de santé publique et ont promu l’éducation sur les directives de la santé publique parmi leurs membres. « Nous avons vu comment les groupes religieux ne s’opposent pas à la science, mais y adhèrent et tentent de la mobiliser, de la valider, même face à la pandémie », a-t-elle fait observer.
Mgr Bruce Myers, évêque anglican du Québec, a fait remarquer que les restrictions gouvernementales sur la pratique religieuse au Québec ont stimulé de nouvelles formes de collaboration interconfessionnelle. La création d’une nouvelle Table interreligieuse de concertation du Québec a été motivée par le besoin d’un mécanisme de communication entre les groupes religieux et le gouvernement.
« Après une ou deux réunions, il est devenu évident qu’il s’agissait d’une très belle chose qui pourrait être plus qu’un groupe d’intervention d’urgence et qui pourrait être un organe permanent qui… serait une véritable “table” autour de laquelle nous pourrions apprendre à mieux nous connaître », a déclaré Mgr Myers.
Le rabbin Reuben Poupko, président du Caucus rabbinique canadien, a ajouté : « Les groupes confessionnels doivent exprimer plus clairement le rôle qu’ils jouent dans la société. De plus en plus de personnes dépendent de leur communauté confessionnelle. Nous devons l’affirmer avec plus de confiance, d’espoir et de joie. »
Le deuxième thème de la conférence portait sur la solidarité sociale et — compte tenu du rôle joué par le coronavirus dans l’exacerbation des divisions et des inégalités préexistantes — demandait comment la religion peut jouer un rôle dans la guérison du corps politique.
Shannon Perez, codirectrice de l’Indigenous Family Centre, a réfléchi au fait qu’il est important de reconnaître notre interdépendance les uns envers les autres : « Lorsque l’on construit une communauté et une solidarité sociale », a-t-elle dit, « il y a cet aspect de symbiose et de réciprocité. Lorsque nous envisageons de construire une communauté, nous devrions voir notre communauté comme étant à l’image de Dieu, et vivre notre vie de cette manière. »
La discussion sur la solidarité a souligné l’importance de remettre en question l’ignorance et les préjugés envers les autres, afin de créer des liens de fraternité et d’amour. Akaash Maharaj, PDG de l’Institut Mosaic, a insisté sur la perspective critique offerte par la religion. De nombreux défis ne seront pas résolus au cours d’une seule génération, mais nécessiteront que des générations travaillent à leur résolution. « Les communautés confessionnelles sont en mesure d’encadrer la conversation sur ces questions comme quelque chose qui se poursuivra au-delà de notre vie », a-t-il déclaré.
Jordan Bighorn a clôturé la conférence en chantant une prière du Báb, qui exprime l’espoir que la graine de foi « puisse grandir pour devenir un arbre puissant, à l’ombre duquel tous les peuples et toutes les races de la terre pourront se rassembler ».
Tout au long de la conférence, les orateurs et les participants ont souligné que la recherche de solutions aux défis auxquels la société est confrontée doit faire appel à la perspective offerte par la religion. Geoffrey Cameron a dit dans son discours d’ouverture que de nombreuses forces nous divisent et que l’une des tâches de la religion est de nous unir. « La religion nous donne une perspective de la réalité qui allie le matériel et le spirituel, elle nous aide à considérer la société comme un tout interdépendant, et nous donne la possibilité et la patience d’être en désaccord les uns avec les autres et de nous efforcer d’atteindre une meilleure compréhension mutuelle. »