Des bahá’ís de l’Alberta et de plus loin se sont joints aux autochtones et aux non-autochtones participant à la dernière séance nationale de la Commission de vérité et réconciliation (CVR), à Edmonton, du 27 au 30 mars. Ils étaient présents pour écouter, apprendre, être témoin et démontrer de la solidarité, en plus de réfléchir à des façons de contribuer à la réconciliation.
La Communauté bahá’íe du Canada a présenté un mémoire à la CVR lors de sa séance nationale en septembre dernier, à Vancouver, et des membres de la communauté bahá’íe ont participé à toutes les séances nationales partout au pays. Voir http://www.bahainews.ca/fr/node/867.
Allison Healy, une survivante des pensionnats indiens et membre de la communauté bahá’íe de la première nation Kainai, en Alberta, a dit : « Les vérités ont été dites, nous avons tous entendu ces vérités horribles ; maintenant, nous devons vraiment avancer vers la réconciliation et agir. »
L’Alberta comptait 25 pensionnats indiens, soit plus que dans toute autre province. La Commission estime que 12 000 survivants sont toujours en vie dans la région. Au Canada, plus de 150 000 enfants ont été forcés d’aller dans un pensionnat indien au cours d’une période de 130 ans. Le dernier pensionnant, près de Régina, a été fermé en 1996. La Commission a entendu plus de 6500 témoignages faisant rapport de multiples formes d’abus endurés par les enfants, en plus de traumatismes intergénérationnels qui perdurent aujourd’hui.
Lors de la séance d’Edmonton, auquel ont participé jusqu’à 9 000 personnes chaque jour, la Commission a reçu des douzaines de témoignages de survivants au cours de présentations publiques, de cercles de partage plus intimes et de rencontres privées. La fin de semaine comprenait également des séminaires et des tables rondes sur le thème de la réconciliation, ainsi qu’une Place de l’apprentissage, des présentations artistiques, un concert, des soirées musicales et des programmes pour les jeunes et les enfants. Chaque jour le matin et en fin d’après-midi, la Commission a reçu les souhaits de réconciliation de différents groupes et a écouté les réflexions de témoins honoraires.
Le président de la CVR, l’honorable juge Murray Sinclair, a souligné l’importance cruciale du long chemin qui reste à parcourir pour nous mener à la réconciliation ; celui qui continue à la suite du processus qui a permis de mettre au jour la vérité au cours des quatre dernières années.
« Le travail de la Commission se termine peut-être, mais le travail de la réconciliation ne se terminera jamais », a-t-il précisé. « Nous devons rendre le sol ferme pour nous enfants et nos petits-enfants. »
Tous ceux qui ont parlé de réconciliation ont insisté sur le fait qu’il s’agit d’un travail qui concerne autant les autochtones que les [descendants de] « colons », incluant les nouveaux arrivants. Il ne faut pas voir cela comme un fardeau, mais plutôt comme un défi.
« Tout le monde peut faire quelque chose. Quelle est cette chose ? » a demandé le commissaire Sinclair.
Une jeune bahá’íe, Leva Ikhbali, était bénévole dans un kiosque du Centre pour la paix et les droits de la personne John Humphrey d’Edmonton, qui fait de l’éducation à propos de la Déclaration des droits l’homme des Nations unies. Elle a eu l’occasion de parler avec plusieurs personnes à propos de la réconciliation.
« J’ai appris que les gens marchent sur le chemin de la réconciliation à différentes vitesses, mais vers un but commun. Pour atteindre ce but, nous devons établir une compréhension mutuelle avec de la patience et en marchant côte à côte. »
Sama Imamverdi, Ashraf Rushdy et Jordan Bighorn faisaient partie d’un groupe de 140 jeunes d’origines diverses qui participaient à une conférence parallèle à la CVR, intitulée 4Rs Youth Initiative. Le mandat de ce groupe est de repenser le dialogue entre les autochtones et les non-autochtones du Canada afin de renforcer le tissu économique, social et culturel de notre pays. Ces jeunes ont promis au rassemblement de la CVR lors de la dernière journée qu’ils continueraient eux aussi le travail de réconciliation.
De bonnes nouvelles ont été reçues durant la conférence selon lesquelles le gouvernement de l’Alberta avait décidé d’inclure du contenu sur la signification des pensionnats indiens et des traités avec les premières nations dans les cours de la maternelle à la douzième année à la grandeur de la province. Ce projet permettra d’éviter que l’ignorance à propos de ce triste volet de notre histoire collective ne se perpétue.
Le dernier jour a donné lieu à un moment touchant lorsqu’une chanson de la victoire au tambour a été dédiée aux trois commissaires de la CVR. Eugene Arcand, du comité des survivants des pensionnats indiens de la CVR, qui agit en tant qu’organe consultatif auprès de la CVR, a dit que les commissaires étaient « trois grands guerriers qui avaient fait tout ce qu’ils avaient pu pour les survivants. »
La commissaire Marie Wilson, dans sa dernière allocution à la conférence, s’est adressée aux survivants qui ont si courageusement parlé de leur souffrance. Elle habite les Territoires-du-Nord-Ouest, reconnus comme le centre mondial du diamant.
« Les diamants se forment sous une pression immense, » a dit Mme Wilson. « Je vous considère tous comme des diamants étincelants. »
Une cérémonie de clôture aura lieu à Ottawa en juin pour conclure le mandat de la CVR. La Commission de vérité et réconciliation du Canada se terminera officiellement avec le dépôt d’un rapport final incluant des recommandations de réformes, ainsi qu’avec l’établissement d’un Centre national de recherche basé à l’Université du Manitoba.