Le 21 septembre, la Journée internationale de la paix des Nations Unies a été marquée à l’hôtel de ville de Stratford par un programme qui comportait deux conférenciers, MM. Alistair Edgar et Gerald Filson et quelques numéros de musique. C’est le Costa Rica qui, en 1981, a proposé aux Nations Unies d’adopter une journée mondiale de la paix, dans l’espoir qu’elle donnerait lieu à un cesser le feu mondial d’un jour.
M. Edgar, membre du conseil d’administration de l’Association de l’ONU du Canada et professeur de relations internationales à l’Université Wilfrid Laurier de Waterloo, a parlé sur le thème de l’établissement progressif de la paix. Il venait de rentrer du Cambodge où il avait assisté au début des procès pour crimes de guerre intentés à ceux qui sont accusés d’avoir participé au génocide perpétré entre 1975 et 1979 dans ce pays.
Selon M. Edgar, il y a eu « une baisse importante du nombre de conflits militaires dans le monde », calculée partiellement sur la base des mortalités liées à toutes formes de conflits rapportés, y compris les génocides. Il croit que cela peut être attribué à la multiplication des régimes démocratiques « bien que la transition peut être sanglante », ou encore aux efforts faits pour réduire la pauvreté. Toutefois, selon M. Edgar, « la principale variable est la montée spectaculaire de l’activisme supranational », ce qui inclut les efforts de l’ONU.
Présentement, l’ONU est engagée dans dix-huit missions de paix, dont les effectifs s’élèvent à 120 000 personnes. L’ONU fournit, entre autres, des soldats de la paix, elle contribue aux réformes juridiques, et à la réhabilitation des enfants-soldats et à l’aide aux réfugiés. Depuis longtemps, on considère que les États sont des entités politiques souveraines, ce qui empêche les interventions dans les affaires internes d’un pays. Pour contrecarrer cette « barrière de la souveraineté », l’ONU a établi ce qu’elle appèle la « responsabilité de protéger ». M. Edgar a expliqué que « les États sont responsables de voir à la sécurité de leurs citoyens, mais s’ils ne peuvent le faire, d’autres doivent s’en charger. »
M. Bill Hazen, qui présidait au programme, a présenté à M. Edgar une copie du document La promesse de la paix mondiale, une déclaration de la Maison universelle de justice.
Au cours de son allocution sur le thème La paix mondiale – au delà du domaine politique, M. Filson a décrit quatre facteurs liés à l’économie qui menacent la paix mondiale : la concurrence, le nationalisme extrême, l’instabilité économique et l’injustice flagrante entre pauvres et les nantis. M. Gerald Filson est le directeur du Service des affaires extérieures de la communauté bahá’íe du Canada. Pendant deux ans, il a été président du Comité exécutif national du Canadian Network on International Human Rights [réseau canadien sur les droits internationaux de la personne] et il est actif dans le domaine des droits de la personne depuis 1993.
Il a expliqué que l’agression et la dégradation environnementales qui traversent les frontières peuvent augmenter les tensions internationales et que la prolifération des armes doit être contrôlée. Parmi les autres problèmes qui peuvent s’intensifier, il faut compter la criminalité transnationale, une montée de la violence domestique et ou de celle qui met en jeu des armes légères, la dislocation des populations, la famine, le terrorisme, le trafic humain, ainsi que les tensions ethniques, culturelles et religieuses.
Selon M. Filson, ces problèmes peuvent seulement être résolus quand les pays transfèrent une part de leur souveraineté à des organisations internationales. Il a dit que nous avions partiellement réalisé cet objectif, puisque la coopération internationale a été établie dans une variété de domaines, mais, a-t-il ajouté, « il nous faut quelque chose d’encore plus énergique ».
« Nous pensons souvent que les solutions sociales aux problèmes sont l’affaire des gouvernements ou qu’elles exigent l’adoption de lois additionnelles, mais la démocratie, une gouvernance saine et la primauté du droit doivent être renforcés et appuyés par une culture morale », a dit M. Filson.
« Il n’est pas possible d’imposer un bon comportement par des lois, c’est le rôle de l’éducation morale. » Il a ajouté que nous devons établir un équilibre entre les institutions vouées au développement moral d’une part, et les institutions politiques et juridiques d’autre part.Le programme a été agrémenté par des duos de violon exquis interprétés par Andrea Barstad et son étudiante Lisa Bates, des numéros de rap de Nabil Moghaddam et Karim Rushdy et des pièces musicales présentées par les auteurs-compositeurs-interprètes Brett Smith et Michael Dragoman de Guelph. Clôturant le programme, le jeune Stefan Barstad-Thorburn, un enfant de dix ans, a imploré Dieu, en disant « Fais que les religions s’accordent et que les nations s’unifient […] ».