Un nouveau film sur Richard St. Barbe Baker, considéré comme le premier défenseur mondial de l’environnement, a été présenté en avant-première lors d’une projection virtuelle organisée depuis Saskatoon, en Saskatchewan. La première de The Legacy of Saskatoon’s Secret Forest a eu lieu en même temps que la réunion COP26 des Nations Unies en Écosse et a coïncidé avec le 50e anniversaire de la date à laquelle il a reçu un doctorat honorifique de l’Université de Saskatchewan.
St. Barbe Baker était membre de la communauté bahá’íe et de nombreux aspects de l’œuvre de sa vie ont été inspirés par ses croyances bahá’íes.
Le film et la rencontre retraçant les nombreuses réalisations de St. Barbe Baker, et la manière dont sa vision spirituelle et son caractère ont inspiré de nombreuses personnes à consacrer leur vie à la protection de l’environnement et à l’éducation en cette matière, interviennent à un moment où l’on s’intéresse de plus en plus aux exemples d’actions positives visant à atténuer le changement climatique.
Le film et le programme en ligne du lancement présentaient onze personnes du Canada, de l’Écosse, de l’Angleterre, de l’Australie, de la Suisse et des États-Unis qui avaient rencontré St. Barbe Baker ou qui avaient été inspirées par lui pour s’engager dans la conservation et l’éducation environnementale, au niveau régional ou international. Alan Watson Featherstone, fondateur de Trees for Life en Écosse, a comparé les nombreuses personnes inspirées par St. Barbe, comme ses amis l’appelaient, à « une grande fraternité de personnes qui ont été touchées par cet homme ».
Le programme comprenait également le maire et deux conseillers municipaux de Saskatoon, les salutations de la communauté bahá’íe de Saskatoon et une reconnaissance du territoire du Traité 6 et de la patrie des Métis. La première s’est terminée par un panel qui incluait Robert White de Saskatoon, Hugh Locke de New York, et Camilla Allen d’Angleterre, qui a récemment terminé sa thèse de doctorat sur Richard St. Barbe Baker.
Richard St. Barbe Baker est arrivé à Saskatoon en 1909, a fait partie de la classe de 1910 de l’Université, la deuxième de son histoire, et a acheté une propriété abandonnée près de ce qui est maintenant la Première nation Whitecap Dakota. Il attribue à sa chaleureuse association avec ses voisins autochtones le mérite de l’avoir aidé à développer une façon différente de voir la nature, et c’est en constatant les pratiques de gaspillage alors qu’il travaillait dans un camp de bûcherons qu’il a décidé d’étudier la foresterie.
Après être rentré en Angleterre en 1913, avoir servi pendant la Première Guerre mondiale et avoir étudié la foresterie à Cambridge, il a d’abord travaillé pour le service colonial britannique au Kenya. St. Barbe Baker a rapidement compris le lien entre la déforestation et la dégradation des terres et, en étroite collaboration avec les anciens Kikuyus, il a développé des pépinières et encouragé un groupe engagé de planteurs d’arbres, les Watu Wa Miti ou Hommes des arbres.
St. Barbe Baker a ensuite créé l’association Men of the Trees dans le monde entier. À un moment donné, l’association comptait des membres dans plus de 100 pays et était, sans doute, la première ONG environnementale mondiale.
Sa mission au Kenya se termine brusquement lorsque St. Barbe Baker s’interpose entre son officier supérieur et un travailleur kikuyu et reçoit le coup de cravache de l’officier. De retour à Londres en 1924, on lui demande de parler des croyances des Kikuyus lors d’une conférence et c’est là qu’il rencontre un bahá’í. Il a appliqué avec audace le principe central de l’unité, notamment dans une démarche consacrée à l’harmonie interreligieuse en Palestine en 1929, entreprise avec l’encouragement personnel de Shoghi Effendi.
La profonde spiritualité de St. Barbe Baker, sa gentillesse, son souci des autres et de la planète ont été reconnus par Vance Martin, président de la Fondation WILD, et par Featherstone comme faisant partie de son appartenance à la religion bahá’íe. Ces derniers, ainsi qu’une autre leader de la conservation, Leona Graham, ont tous rencontré St. Barbe Baker lorsqu’il a visité la communauté de Findhorn en Écosse à la fin des années 1970 et a soutenu ses fondateurs.
Hugh Locke, l’exécuteur littéraire de St. Barbe Baker, qui a également participé à la planification de nombreux voyages de ce dernier, a souligné que l’héritage de St. Barbe Baker a commencé par son travail avec les Kikuyus. Il a introduit la plantation d’arbres et la responsabilité environnementale d’une manière que les communautés pouvaient s’approprier. Au lieu de dire « faites-le, faites-moi confiance, ce sera bon pour vous », il a trouvé le moyen d’intégrer cette activité dans la culture des personnes avec lesquelles il travaillait.
St. Barbe Baker « était un visionnaire, en avance sur son temps », a noté M. Featherstone. Alan Grainger, qui étudie les changements environnementaux mondiaux à l’université de Leeds, a déclaré que St. Barbe Baker « a été la première personne à considérer que la forêt mondiale avait une fonction globale ». Il a commencé à comprendre cela dans les années 1920 ; aujourd’hui, la protection des forêts et la plantation d’arbres sont un élément central de l’amélioration du changement climatique.
St. Barbe Baker était en visite à Saskatoon lorsqu’il est décédé quatre jours après avoir planté son dernier arbre lors de la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin 1982. La communauté bahá’íe avait prévu son enterrement sous deux grands arbres, dans la ligne de mire du dernier arbre qu’il avait planté sur les rives de la rivière Saskatchewan Sud.
Robert White, qui a rencontré St. Barbe Baker lorsqu’il était étudiant et qui a été profondément influencé par son travail, a montré comment St. Barbe Baker se connectait physiquement aux arbres et puisait dans leur énergie. Outre White et Locke, les autres bahá’ís interviewés étaient David van Vliet et Paul Hanley, auteur de Man of the Trees, Richard St. Barbe Baker : the First Global Conservationist.
Les « Men of the Trees », désormais connus sous le nom de International Tree Foundation, poursuivent l’action de St. Barbe Baker dans neuf pays africains ainsi qu’au Royaume-Uni et en Irlande. Son programme Watu Wa Miti au Kenya travaille avec 12 partenaires communautaires pour planter des arbres et restaurer des terres dégradées.
La passion de Baker pour les arbres et son extraordinaire capacité de communicateur lui ont valu le titre d’« homme des arbres ». Il a écrit 30 livres et a laissé ses papiers aux Archives de l’Université de la Saskatchewan, l’une des collections les plus demandées. Ces documents sont en cours de numérisation et sont disponibles sur le site http://stbarbe.library.usask.ca/.
Le film a été commandé par l’association sans but lucratif Friends of the Saskatoon Afforestation Areas. Une forêt de 326 acres plantée en 1972 est la plus grande des deux zones de boisement de Saskatoon et a été baptisée du nom de St. Barbe Baker en 1978.