Le 22 novembre, le caucus multipartite Raoul Wallenberg sur les droits de la personne a présenté près de la colline du Parlement, à Ottawa, le film « The Cost of Discrimination » [Le coût de la discrimination]. Le film établit des parallèles entre la vie sous le régime de l’apartheid en Afrique du Sud et le traitement réservé à la minorité bahá’íe par les authorités iraniennes. La présentation était parrainée par la Communauté bahá’íe du Canada, le Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne et le Centre de recherche et d’éducation sur les droits de la personne de l’Université d’Ottawa.
L’auditoire nombreux incluait des députés fédéraux, des fonctionnaires, des universitaires et des défenseurs des droits de la personne. Une table ronde réunissait l’honorable Irwin Cotler, ancien procureur général du Canada, et fondateur du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne, Arash Azizi qui présentait le film, et deux bahá’ís, personnellement touchés par les persécutions, Shakib Nasrullah et Naeim Tavakkoli. Corinne Box, directrice des relations gouvernementales de la Communauté bahá’íe du Canada, a présenté les membres de la table ronde, qu’a animée John Packer, directeur du Centre de recherche et d’éducation sur les droits de la personne à l’Université d’Ottawa.
Le film commence par une scène où Arash Azizi, le recherchiste du film et son présentateur, avance à cheval en compagnie d’Iraj Abedian, sur les collines verdoyantes de Coffee Bay en Afrique du Sud. M. Abedian était conseiller de Nelson Mandella au cours de la mise au point d’importantes politiques économiques de la période post-apartheid. M. Abedian, un bahá’í, a quitté l’Iran dans les années 80 pour étudier à l’Université de Cape Town. « Le coût de la discrimination n’est-il pas évident dans ce cas », a demandé M. Azizi, « quand un gouvernement empêche un citoyen comme Iraj de servir son propre pays à cause de sa religion, n’est-ce pas nous tous qui en souffrons? » C’est là le fil conducteur du film: quand un État bloque le développement social et économique d’un segment de la population par des politiques répressives et discriminatoires, l’ensemble de la population en souffre les conséquences.
Entre 1948 et 1991, l’Afrique du Sud a sanctionné un système de ségrégation raciale institutionnalisé, connu sous le nom d’apartheid - un mot afrikaans qui signifie littéralement « séparation ». Le film identifie une tendance parallèle en Iran, où la République islamique d’Iran a systématiquement persécuté les bahá’ís depuis 1979 par des politiques discriminatoires et de la propagande, incitant la haine et la violence contre la plus importante minorité religieuse du pays.
Le film montre aussi comment les deux régimes se sont servi d’arguments religieux pour légitimer et justifier leurs politiques discriminatoires.
M. Abedian explique que « les fondateurs religieux de l’apartheid ont perverti le christianisme dans un but particulier. » « Exactement comme c’était le cas pour l’apartheid, le régime iranien a perverti l’islam et ses principes pour formuler son idéologie politique et l’imposer à l’Iran. Cette idéologie n’a rien à voir avec la religion ou la dévotion. Elle n’est rien d’autre qu’une interprétation pervertie et dénaturée de l’Islam à des fins d’enrichissement personnel et de recherche du pouvoir politique. »
Dans le film, M. Azizi demande au gouvernement iranien d’apprendre de l’expérience sud-africaine. Après l’apartheid, l’Afrique du Sud a souffert sous le fardeau d’une économie aux ressources insuffisantes. Le film attribue ces tensions économiques au sous-développement et à la persécution de la population noire. Aujourd’hui, trente ans plus tard, l’Afrique du Sud continue de porter le fardeau de son passé, alors qu’elle poursuit sa reconstruction.
Après la présentation du film, les deux membres bahá’ís de la table ronde ont parlé de la force et de la résistance des bahá’ís d’Iran. Shakib Nasrullah, un enseignant de l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur (IBES), qui a été arrêté en 2011, pour avoir participé à ce projet informel, a expliqué que « pour bon nombre d’entre nous, cela était personnel, et quand une chose devient personnelle, on est poussé à agir par ses émotions. » Il a dit qu’il était naturel de réagir avec colère et frustration quand on fait face à l’injustice, mais il a mis son auditoire en garde contre « cette énergie obscure » qui peut nous consumer dans notre quête de justice.
Pour sa part, M. Cotler a lancé un appel passionné pour que le monde s’éveille et mette fin à la persécution des bahá’ís en Iran, « tout comme il a fallu que le monde s’éveille pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud. » Il a répété un argument selon lequel le traitement que l’on réserve aux bahá’ís est une épreuve décisive pour les droits de la personne en Iran - ce qui est bon pour les bahá’ís est bon pour l’Iran. »