Plus de 8 500 personnes se sont réunies au Metro Convention Center du centre-ville de Toronto pour le Parlement des religions du monde de 2018, qui s’est tenu du 1er au 7 novembre. Le Parlement est l’un des plus grands rassemblements interconfessionnels au monde, et s’est déjà tenu à Chicago (1893, 1993), au Cap (1999), à Barcelone (2004), à Melbourne (2009) et à Salt Lake City (2015).
Avant l’ouverture officielle du Parlement, plus de 50 personnes du monde entier ont assisté à une réception informelle au Centre bahá’í de Toronto, organisée par l’Assemblée spirituelle locale. Au cours du Parlement, des centaines de personnes ont visité un « espace de la foi » aménagé particulièrement pour leur permettre de participer à des conversations sur la foi bahá’íe.
Les participants au Parlement ont eu l’occasion d’assister à une série de séances thématiques et en petits groupes offerts par les bahá’ís, dont beaucoup ont abordé les thèmes de la conférence, soit l’inclusion, la réconciliation et le changement social. Plus de 60 présentations ont été offertes par les bahá’ís, souvent en collaboration avec d’autres.
Une des séances, intitulée « Naviguer dans le nouveau pluralisme religieux », était axée sur les efforts déployés par la Conversation interreligieuse canadienne (CIC) pour promouvoir de nouvelles approches du discours public au Canada. M. Geoffrey Cameron, directeur des affaires publiques de la Communauté bahá’íe du Canada, s’est associé à d’autres membres du comité exécutif de la CIC pour parler des leçons apprises par le groupe grâce à ses projets de recherche, de mobilisation des jeunes et de politique publique. Un de ces projets est une série de conférences intitulée Une société complète, qui vise à promouvoir un dialogue plus musclé sur le rôle de la religion dans le discours public canadien.
Le travail de la Conférence interconfessionnelle canadienne a également été présenté lors d’une séance sur son « Projet interconfessionnel pour une nouvelle génération », présidée par une participante bahá’íe, Laura Friedmann. Le panel a examiné la manière dont les jeunes innovent dans le développement de nouvelles approches en matière de coopération et de dialogue interreligieux.
« Nous constatons qu’un faux choix est souvent présenté dans le travail interconfessionnel : chercher l’unité ou découvrir les différences qui existent entre nous », a déclaré Cameron. « La vérité est que plus nous nous efforçons de comprendre “l’autre”, plus nous nous en rapprochons. L’unité est un résultat naturel de ce que l’on fait pour apprendre à se connaître, se familiariser avec les enseignements de nos traditions et trouver des moyens de travailler ensemble. »
D’autres idées ont été mises en lumière lors d’un atelier intitulé « L’autonomisation morale des jeunes de diverses origines », animé par Eric Farr, Hoda Farahmandpour et Ashraf Rushdy, chargé de projet au Bureau des affaires publiques de la communauté bahá’íe du Canada. L’atelier visait à tirer des enseignements de l’expérience de la communauté bahá’íe qui travaille avec des jeunes et des adolescents partout au Canada, souvent dans des milieux urbains hétérogènes. « Si nous n’avions rien en commun, nos efforts pour intégrer la diversité seraient superficiels », a déclaré Mme Farahmandpour. « Nous devons chercher à renforcer les pouvoirs et les potentialités qui sont communs à tous — qui sont dus au fait que nous sommes avant tout des êtres humains. »
Ce thème a été exploré lors d’une autre séance, coparrainée par le Bureau des affaires publiques de la communauté bahá’íe, sur le thème de la religion, de la citoyenneté et de l’appartenance. Saphira Rameshfar, représentante bahá’íe aux Nations Unies, a décrit comment la communauté internationale bahá’íe s’employait à faire avancer le discours sur l’égalité des sexes à l’ONU en construisant des ponts entre féministes laïques, acteurs religieux conservateurs et hommes et garçons. « Un des objectifs était de délaisser le discours dominant aux Nations Unies, qui considère la religion comme oppressive pour les femmes et de le remplacer par un autre discours où la religion serait reconnue comme une source d’autonomisation et d’inspiration permettant aux femmes de contribuer à l’amélioration du monde et au service de l’humanité », a déclaré Mme Rameshfar.
« Les bahá’ís considèrent le mouvement interreligieux comme un moyen de rapprocher les religions du monde », a déclaré M. Cameron. « Le principe central des enseignements bahá’ís est qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que, au-delà de la diversité des interprétations humaines, il n’y a aussi qu’une religion. De nombreuses présentations au Parlement ont été l’occasion de voir ce principe dans la pratique. »
Réfléchissant à la situation des activités interconfessionnelles, M. Farr a ajouté: « ce dont nous avons besoin est de développer un nouveau discours sur la religion, qui porte de nouveaux récits et de nouvelles pratiques collectives qui comprennent la religion non pas simplement comme une liste de traditions distinctes de différentes époques et régions du monde, mais comme un récit unique évolutif de l’héritage spirituel commun à toute l’humanité. »
- Cet article est le deuxième d’une série en trois parties sur le Parlement des religions du monde, tenu à Toronto en 2018. Lisez les premier et troisième articles ici: 1) Les bahá’ís se préparent pour le Parlement des religions du monde; 3) Films pour le changement social présentés au Parlement des religions du monde