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Les bahá’ís d’Ottawa parlent de leur foi dans leur carnet Web

Un jour il y a environ trois ans, en examinant les statistiques de son site Web à l’adresse pizza.sandwich.net, Dan Jones a remarqué un pic de croissance du nombre de visiteurs venus d’Australie. Par curiosité il a ajouté une note à son site demandant à ces visiteurs comment ils avaient trouvé son carnet Web qu’il rédige d’Ottawa, en Ontario.

Il a appris que l’animateur d’une émission de radio avait mentionné un jeu que M. Jones avait créé pour son site Web, un générateur de noms Pokémon. Tapez votre nom et votre couleur préférée et le jeu crée pour vous un nom et une identité, basés sur l’émission pour enfants autrefois populaire.

M. Jones admet qu’il s’agit d’une plaisanterie aléatoire, en ajoutant : « En fait, je ne sais pas grand chose sur Pokémon. »

La plaisanterie reflète le sens de l’humour décalé de M. Jones. Toutefois une visite à son carnet Web permet de se rendre compte qu’il est définitivement intéressé par le spirituel et que ses opinions reflètent sa dévotion pour la foi bahá’íe.

Il y a quelques semaines, il partageait son point de vue sur la période de jeûne de dix-neuf jours que les bahá’ís traversent chaque année. Auparavant, il avait publié plusieurs textes, dont un poème, sur son pèlerinage à Haïfa, en Israël dans la région considérée comme la Terre sainte bahá’íe.

Son carnet Web fait partie du nombre grandissant de sites créés par des bahá’ís qui sont emballés à l’idée de partager leurs croyances et leurs opinions avec d’autres personnes de leur région ou avec les cybernautes du monde entier.

Dans la ville d’Ottawa où habite M. Jones, il y a une demi-douzaine d’autres bahá’ís qui ont aussi un carnet Web, une proportion élevée pour une communauté relativement peu nombreuse puisque Ottawa ne compte qu’environ 1000 bahá’ís.

James Howden, qui est rédacteur et professeur d’anglais a un carnet Web à l’adresse www.jameshowden.com, où il entremêle ses commentaires sur la vie bahá’íe avec ses réflexions sur l’enseignement, les sports et ses efforts pour apprendre à jouer de la guitare.

Louis Brunet, qui est photographe amateur, a un carnet-photo Web, à l’adresse www.elbi.smugmug.com, où il documente les activités bahá’íes de la région d’Ottawa.

Lorraine Hétu, une étudiante en musique, a récemment lancé un carnet Web, à l’adresse lorrainehetu.blogspot.com, où elle aborde des thèmes liés à la foi bahá’íe au moyen d’analogies musicales.

Il se peut que le plus populaire de tous ces carnets Web soit celui de Martin Braithwaite à l’adresse martinsquest.com.

M. Braithwaite qui est venu de la Floride pour s’établir à Ottawa a créé son carnet Web pour que ses amis floridiens puissent suivre ses aventures au Canada. Son site attire maintenant environ 1 000 visiteurs par mois et contient une dose quotidienne d’information sur la vie communautaire bahá’íe dans la région d’Ottawa, colorée par la personnalité unique de M. Braithwaite qui est, il faut bien le dire, un peu espiègle.

En plus de publier des annonces sur les activités de la communauté, des photos de récentes rencontres sociales, et ses réflexions sur la vie en tant que bahá’í, M. Braithwaite prend plaisir à offrir en primeur les annonces de fiançailles des bahá’ís de sa communauté, un sujet pour lequel son site est devenu une autorité.

« Ce type d’annonce intéresse les gens », explique M. Braithwaite, en ajoutant : « Je publie ces annonces surtout pour attirer des visiteurs à mon site. Alors si vous ne savez pas qui s’est récemment fiancé, vous devriez visiter mon site. Dans un certain sens je publie une sorte de quotidien populaire du type tabloïde. »

Décrire son site comme un tabloïde peut sembler quelque peu étrange, particulièrement dans le contexte d’une religion dont le fondateur, Bahá’u’lláh, a interdit le commérage et les potins du fait qu’ils vont à l’encontre du principe central de sa religion, soit l’unité. Mais M. Braithwaite est conscient de l’ironie de la situation et des difficultés auxquelles il fait face, lui qui est bahá’í et qui écrit pour Internet, un média où tout a cours.

Avec les potins et la dissension qui sont monnaie courante sur le Web, M. Braithwaite dit que c’était par l’expérimentation qu’il avait découvert quels sujets ne devraient pas être publiés dans un carnet Web. Il a fallu quelques années avant qu’il trouve une façon originale et intéressante de s’exprimer tout en restant fidèle aux principes de la foi bahá’íe. Le fait d’annoncer une chose aussi inoffensive que les fiançailles d’un couple exige donc un minimum de prévenance.

« Tout ce qui est publié sur mon site a été entièrement approuvé », explique M. Braithwaite. « Bien plus, la norme que j’applique exige que la publication d’un article soit appuyée avec enthousiasme par les personnes concernées. Autrement dit, il ne suffit pas de demander ‘‘ êtes-vous d’accord pour que je publie cet article? ’’ Il faut plutôt demander : ‘‘ cet article contribuerait-il à votre bonheur ? ’’ »

L’application de cette norme ne semble pas avoir diminué la popularité de son carnet Web puisqu’il attire chaque semaine un bon nombre de visiteurs de la région d’Ottawa, qui cherchent à savoir quelles activités bahá’íes ont lieu dans leur ville, et captive même un certain nombre de visiteurs réguliers de l’étranger.

La réussite connue par M. Braithwaite et martinquest.com [quête_de_martin.com] a aussi encouragé d’autres bahá’ís d’Ottawa à développer leur propre carnet Web. C’est en effet après avoir été encouragé par M. Braithwaite que Vafa Hashemi a lancé sa propre chronique Web. Le slogan arboré sur son site fait d’ailleurs écho au terme martinquest « Aller bravement là où aucune autre quête n’est jamais allée » [Boldly going where no quest has gone before]

Les auteurs de ces divers sites sont en fait tous amis et leur enthousiasme pour cette forme d’expression les encourage tous à poursuivre leurs efforts. La camaraderie qui existe parmi eux est, selon Dan Jones, une des raisons pour lesquelles leurs chroniques Web ont survécu aux cruciaux premiers mois, pendant lesquels il arrive très souvent que l’enthousiasme de l’auteur tombe.

« Au début », se rappèle M. Jones, « nous annoncions tous les mêmes activités sur chacun de nos sites. Dans un sens nous essayions de nous surpasser les uns les autres, mais nous travaillions bien ensemble et cela a créé un milieu où nous pouvions expérimenter librement et découvrir ce qui fonctionnait le mieux. »

M. Jones a lancé son carnet Web à la même époque que M. Braithwaite et il l’a entrepris plus pour rester en contact avec ses amis et sa famille que pour atteindre des cybernautes qu’il ne connaissait pas.

En 2002, alors qu’il avait déménagé au Québec pour aider au développement de la communauté bahá’íe et il a commencé à publier son carnet Web pour permettre à ses amis d’Ottawa de savoir ce qui l’occupait au quotidien.

C’est de là que son site pizza.sandwich.net ou, comme il l’appèle, doberman pizza, est parti. Il est aujourd’hui devenu une collection de nouvelles sur la foi bahá’íe, de reportages sur les activités qui ont lieu à Ottawa et de réflexions sur sa vie en tant que bahá’í.

Une des raisons qui l’a incité à persévérer avec son projet est que les sources d’information digne de foi sur la foi bahá’íe sont relativement peu nombreuses sur Internet.

« Sur le Web en 2001, il n’était pas très facile de trouver de bonnes informations sur la foi bahá’íe », explique-t-il. « Si à cette époque vous aviez cherché un carnet Web sur la foi bahá’íe, vous auriez fort probablement trouvé au hasard des informations erronées. À cette époque les carnets Web n’étaient pas encore populaires. »

« Aujourd’hui, leur popularité commence à grandir. Vous pourrez trouver des gens qui publient un site Web sur à peu près n’importe quel sujet. Et il y a de plus en plus de bahá’ís qui commencent à se servir d’Internet et à publier.

M. Jones a fait tout ce qu’il a pu pour remplir cette lacune. En plus du site pizza.sandwich.net, il publie deux autres chroniques Web. Le premier à l’adresse jeunessebahaie.blogspot.com, offre des nouvelles en français sur la foi bahá’íe. Le second, à l’adresse childrensclasses.blogspot.com, décrit ses expériences comme enseignant de classes d’enfants hebdomadaires.

« J’essaie toujours d’être le plus clair possible quand j’écris pour mes chroniques Web », explique M. Jones au sujet de sa philosophie de l’écriture. « Plutôt que de parler de choses personnelles qui ne peuvent intéresser que moi, j’essaie de publier des textes bien réfléchis sur des sujets qui s’appliquent à tous et qui peuvent intéresser. »

Quant à savoir comment son site a hérité du nom étrange doberman pizza, M. Jones admet qu’il s’agit d’un choix aléatoire pour amuser.