Le samedi 8 septembre, des bahá’ís de partout au Canada se rassembleront à Montréal pour commémorer le centième anniversaire de la visite au Canada, en 1912, de ‘Abdu’l-Bahá, une des trois figures centrales de la foi bahá’íe.
Arrivé par train depuis Boston le 30 août 1912, ‘Abdu’l-Bahá a prononcé au moins huit allocutions publiques et présenté sept exposés informels avant de repartir le 9 septembre. Un grand nombre des quelque 500 000 Montréalais francophones et anglophones de l’époque suivirent son séjour avec intérêt, dans les quotidiens. Plus de 35 articles ont été publiés dans onze journaux différents.Le Devoir et La Presse, publiés encore aujourd’hui, en ont imprimé deux chacun, et The Montreal Gazette, six. The Montreal Daily-Star, aujourd’hui disparu, en a publié dix.
Cette visite de ‘Abdu’l-Bahá a été remarquable, non seulement en raison des foules considérables venues entendre ses allocutions publiques dans des lieux tels que l’église du Messie, le Coronation Hall, l’église méthodiste St. James, l’hôtel Windsor ou la résidence des Maxwell sur l’avenue des Pins, mais aussi des diverses questions qu’il a abordées et de l’enthousiasme qu’il a suscité chez les bahá’ís de même que chez les nombreux citoyens ordinaires et personnalités qu’il a rencontrés.
‘Abdu’l-Bahá a parlé de l’unité des religions, de l’importance d’éliminer les préjugés, des principes devant permettre d’établir la paix mondiale, de la nécessité d’une recherche personnelle de la vérité, de l’abandon des superstitions, de la reconnaissance de l’unité de la science et de la religion, et du besoin d’une justice sociale et économique. Il a prédit l’éclatement de la Première Guerre mondiale, et a maintes fois exprimé sa joie de visiter le Canada, un pays qu’il a qualifié de « prospère et agréable ». On l’avait averti que les Montréalais étaient superstitieux et fanatiques, mais il a souligné qu’au contraire, il avait trouvé les habitants de Montréal et du Canada ouverts et accueillants. De retour en Terre sainte, il a écrit : « L’avenir du Canada est très grand, tant dans le domaine matériel que spirituel. »
Du 30 août au 9 septembre, dates du séjour de ‘Abdu’l-Bahá à Montréal, plusieurs activités auront lieu, dont un concert, une allocution spéciale à l’église St. James (où ‘Abdu’l-Bahá lui-même a prononcé un discours), une réception pour des invités spéciaux, et une grande soirée à l’hôtel Fairmount le Reine Élizabeth le 8 septembre prochain. D’autres événements commémoratifs se dérouleront également dans différentes villes partout au Canada. De plus, des visites spéciales seront organisées au Sanctuaire bahá’í situé sur l’avenue des Pins Ouest. Cette propriété récemment restaurée est le seul sanctuaire bahá’í au Canada.
La soirée du 8 septembre constituera le troisième grand rassemblement de bahá’ís à Montréal cette année, ces diverses occasions permettant toutes de souligner l’année du centenaire. En avril dernier, plus de huit cents bahá’ís de partout au Canada se sont réunis à Montréal pour assister au congrès national bahá’í et, du 9 au 12 août, l’Association des études bahá’íes a accueilli plus de 1 400 participants lors d’une conférence couronnée de succès.
La première communauté bahá’íe canadienne a été établie à Montréal, en 1902, par May Bolles Maxwell et William Sutherland Maxwell, un des architectes canadiens les plus renommés du début du 20e siècle. Point tournant dans le développement de cette petite communauté en expansion, la visite de ‘Abdu’l-Bahá revêt une importance spirituelle capitale pour les bahá’ís. Exilé par l’empire persan puis emprisonné par l’empire ottoman pendant 40 ans, avec son père, le prophète-fondateur de la foi bahá’íe, ‘Abdu’l-Bahá a quitté la Terre sainte pour entreprendre un voyage en Amérique du Nord et en Europe, la révolution des Jeunes Turcs ayant mis fin à son assignation à résidence et lui ayant permis d’entreprendre ces voyages historiques.
Parmi les villes occidentales qu’a visitées ‘Abdu’l-Bahá, Montréal occupe une place spéciale, car il a dit de la résidence des Maxwell : « Ici, c’est chez moi. » Plus tard, la fille des Maxwell, Mary, a épousé Shoghi Effendi, devenu chef de la foi bahá’íe après le décès de ‘Abdu’l-Bahá. C’est Shoghi Effendi qui a désigné la résidence des Maxwell comme sanctuaire.
L’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Canada, le conseil d’administration national de la communauté, a récemment fait rénover cette résidence avec des meubles, un décor et un style qui respectent l’esprit de ce qu’elle était en 1912. Un Centre d’accueil pour les visiteurs, adjacent au Sanctuaire, a aussi été ouvert.
Malgré la tenue de plusieurs événements commémoratifs spéciaux, le principal objectif de l’année centenaire demeure l’engagement des bahá’ís à se rappeler les valeurs et les idéaux que ‘Abdu’l-Bahá a incarnés tout au long de sa vie, et à renouveler leur attachement envers ces valeurs et idéaux. ‘Abdu’l-Bahá a consacré sa vie entière au service et à l’action ; il a inlassablement souligné l’importance du savoir si l’on veut contribuer au bien-être de l’humanité, la valeur d’un bon caractère, de pratiques et de principes moraux, et la nécessité d’une transformation individuelle et sociale. Né en 1844, ‘Abdu’l-Bahá est décédé en 1921, après s’être voué au service de son prochain et de la religion pour laquelle son père, Bahá’u’lláh, et le héraut de la foi bahá’íe, le Báb, avaient eux aussi sacrifié leur vie.