Beaucoup d’entre nous trouveraient difficile de faire un parallèle entre les fondateurs de deux religions mondiales, que dire de le faire pour sept d’entre eux. Dans une recherche portant sur sept religions mondiales, Harold Rosen, d’Abbotsford en Colombie-Britannique, montre les similarités qui existent entre elles, du point de vue de leur histoire et de leurs objectifs.
Dans son plus récent livre, intitulé Founders of Faith: The Parallel Lives of God’s Messengers, M. Rosen remet en question l’idée que les religions du monde sont incompatibles. Il montre au contraire que les fondateurs des diverses religions ont œuvré pour un dessein commun : édifier la famille humaine et répondre à ses besoins.
Un tel projet d’écriture peut sembler très ambitieux. Inutile de dresser la liste des conflits qui déchirent le monde au nom de la religion. Ils arrivent tous à troubler ceux qui proclament l’harmonie fondamentale des religions et peut-être même à les faire passer pour naïfs. Dans Founders of Faith, l’auteur explore au moins 25 aspects parallèles ou constants de la vie et du message des fondateurs de religions, comme le fait qu’ils ont eu à faire face à une opposition farouche et au rejet initial de la population, que leurs enseignements ont eu un effet transformateur et qu’ils ont souffert et se sont sacrifiés. Depuis sa jeunesse, M. Rosen s’intéresse vivement aux thèmes communs qui forment la trame complexe de la culture religieuse et de l’histoire.
« Depuis que j’étais dans la vingtaine, l’unité dans la diversité a été pour moi une question centrale », explique M. Rosen, en parlant du thème essentiel de son livre.
Pour faire ressortir l’unité qui existe entre les diverses religions, M. Rosen a choisi d’examiner celles qui ont été fondées par Moise, Zoroastre, Krishna, Bouddha, le Christ, Mahomet et Bahá’u’lláh. Nous lui avons demandé pourquoi il avait choisi de se pencher sur ces fondateurs de religions en particulier et il a répondu que c’était pour des considérations pratiques, comme le fait que nous disposions de suffisamment d’information sur leur vie et leurs enseignements, et en raison de l’ampleur de leur influence sur la société.
« Ils ont renouvelé des religions et civilisations en déclin et en ont généré de nouvelles », affirme M. Rosen.
« Ils ont été des révélateurs de premier ordre et ont directement offert la direction divine à l’humanité. Ils ont réfléchi directement la lumière divine et, pour cette raison, ils ont fait une contribution beaucoup plus importante que les sages, les réformateurs, les prophètes, les mystiques ou les gourous. »
Les 25 parallèles qu’il établit dans son livre n’empêchent pas M. Rosen d’être réaliste quand il parle des divisions qui existent entre les adhérents des diverses religions. Dans son livre il attribue les conflits religieux non pas aux enseignements des fondateurs de religions mais plutôt au déclin naturel des religions, à leur besoin d’être renouvelées, à la peur des dirigeants religieux de perdre leur influence et à leurs efforts pour préserver leur autorité.
« Dans les dernières phases de leur existence, les civilisations religieuses ont tendance à être compromises par la corruption, les dissensions, l’injustice et elles peuvent promouvoir davantage les vices que les vertus. Par compassion pour l’humanité, Dieu offre alors de nouvelles révélations, dotées du pouvoir de générer des civilisations plus unies et plus avancées.
« J’ai tenté de montrer que les dirigeants religieux et de la société civile avaient été des sources de désunion, alors que les fondateurs des religions offraient une plus grande unité par un message plus large et plus favorable au progrès. »
Au cours des années qui ont précédé la rédaction de Founders of Faith, M. Rosen a eu bien des occasions d’essayer de percevoir les éléments communs des religions. Né d’un père juif new-yorkais et d’une mère catholique d’origine espagnole, son milieu familial l’a incité à tenter de rapprocher deux cultures et deux religions, et, avec le temps, ses expériences religieuses et son exploration spirituelle se sont élargies. À l’université, il a obtenu des maîtrises en philosophie, en théologie et en éducation. Durant l’été de 1974, il a travaillé dans un kibboutz où il a côtoyé des juifs, des chrétiens et des musulmans. Peu après, il a été ordonné pasteur de l’Église universaliste unitarienne et il a servi dans ce rôle pendant 25 ans, dans des congrégations en Californie, en Idaho et en Colombie-Britannique.
En 2000, M. Rosen a commencé ce qu’il appelle une « transition » de dix ans, au terme de laquelle il est devenu bahá’í. En souriant, il dit que sa transition avait été très graduelle, et ne ressemblait pas à celle de Saint-Paul, sur la route de Damas.
« Après environ cinq ans, j’ai commencé à apprécier plus qu’à questionner. J’étais de plus en plus impressionné par la pertinence mondiale de la foi bahá’íe, par sa profondeur spirituelle, ses sommets poétiques, ses applications éthiques, son raffinement administratif, son pouvoir intellectuel, capable de résoudre les dilemmes religieux et philosophiques et par la vertu de ses membre et leur diversité », explique M. Rosen.
« Les Écrits bahá’ís m’ont fait redécouvrir la révélation divine. »
La décision de M. Rosen de devenir membre de la communauté bahá’íe l’a obligé à faire un changement important, un changement de carrière. Ne servant plus comme pasteur, il a dû faire appel à d’autres compétences et il a entrepris une nouvelle carrière à titre d’enseignant des religions comparées, d’auteur et de diplomate.
Sur la scène interconfessionnelle, les gens qui appartiennent à diverses confessions se fréquentent dans un esprit axé sur l’éducation et la concorde, ils collaborent lors de conférences et mettent en œuvre des projets humanitaires. En tant qu’enseignant des religions, il a été appelé à faire des recherches, à concevoir et à donner des cours sur les religions et l’histoire. Au fil des années il a observé une augmentation du nombre de personnes qui prennent part à des activités interconfessionnelles. La multiplication du nombre de participants correspond à une augmentation du nombre de confessions représentées, mais pas nécessairement du degré d’unité. En publiant son livre Founders of Faith, il cherche à renforcer les liens d’unité, en soulignant les principes de bases qui sont communs au diverses religions mondiales qu’il discute.
« Avec ce livre et les cours connexes j’ai employé une stratégie éducative, » explique M. Rosen.
Il est relativement audacieux d’écrire au sujet de sept religions, en affirmant que la religion a un rôle à jouer dans la société, alors que celle-ci remet de plus en plus en question l’utilité de la religion. M. Rosen dit que pour bien comprendre l’attitude de la société envers la religion il faut comprendre deux objections communes.
« Selon moi », affirme M. Rosen, « il y a en Occident deux obstacles qui empêchent les gens d’accepter la religion : les injustices perpétrées au nom de la religion et la mentalité dominante, à la fois séculaire et matérialiste. Ces deux éléments semblent liés intimement, puisque le déclin et la corruption des religions ont contribué à l’adoption d’un point de vue mécaniste et athéiste dans les sociétés occidentales.
« Les bahá’ís peuvent aider à faire ressortir le fait que, à l’origine, dans son état pur, la religion est une force unificatrice, édifiante et civilisatrice et qu’une nouvelle révélation apporte maintenant lumière et unité dans le monde… J’espère pouvoir faire ma part pour élever le discours sur cette question. »
On peut trouver le livre, Founders of Faith: The Parallel Lives of God’s Messengers, de Harold Rosen chez Amazon, chez Barnes & Noble et au Baha’i Distribution Service du Canada. M. Rosen prépare présentement son prochain livre qui portera sur l’interdépendance de la religion et de la civilisation.