Nous avons besoin d’une vision plus audacieuse du développement, qui mette l’accent sur nos engagements moraux et éthiques envers toute l’humanité.
C’est par ce message que s’est conclue une conférence de deux jours au cours de laquelle les participants étaient encouragés à « sortir des sentiers battus » dans leur réflexion sur le cadre de développement qui succédera aux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015. Organisée à Ottawa, les 21 et 22 septembre derniers, par le Conseil canadien pour la coopération internationale et l’Association canadienne d’études du développement international, la conférence a réuni des organisations de la société civile canadienne, des universitaires et des représentants du gouvernement.
Les huit objectifs du Millénaire pour le développement, axés sur la réduction de la pauvreté à l’échelle mondiale, découlent des valeurs prônées dans la Déclaration du Millénaire des Nations Unies. Ce document, que les dirigeants du monde ont signé en l’an 2000, énonçait des idéaux aussi fondamentaux que la liberté, l’égalité, la solidarité, la tolérance, le respect de la nature et la responsabilité partagée. Les OMD prenant fin en 2015, des travaux sont en cours pour déterminer les priorités d’un nouveau cadre mondial de développement.
La conférence a débuté par un discours-programme prononcé par Paul Gérin-Lajoie, président de l’Agence canadienne de développement international de 1970 à 1977. M. Gérin-Lajoie a souligné l’importance du rapport entre éducation et développement : « Le moteur du développement est la capacité des hommes et des femmes à agir. S’ils n’ont pas le droit d’apprendre et d’être de la partie, il ne peut exister de développement durable ni équitable. »
Amitabh Behar, coprésident de la Coalition mondiale contre la pauvreté, a réclamé l’établissement d’une relation plus étroite entre développement et justice. Il a convié son auditoire, après 2015, à« voir grand – à avoir une vision ancrée dans la justice et la dignité », et à ne pas oublier « la dimension éthique du développement ».
Barbara Adams, du Groupe de réflexion de la société civile sur les perspectives de développement à l’échelle mondiale, a fait observer que les ODM avaient pour effet secondaire de limiter le développement à une hiérarchie des besoins. Elle a rappelé la vision et les principes de la Déclaration du Millénaire, et insisté sur la nécessité d’axer le nouveau cadre de développement sur les droits de la personne et l’universalité.
Diana Alarcón, membre de la Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, a insisté sur le fait que le monde avait changé depuis le moment où les ODM ont été formulés. Selon Alarcon, l’inégalité entre les pays, la dégradation de l’environnement, la dynamique changeante des populations et les récentes questions de sécurité requièrent toutes une action à l’échelle mondiale. Comment le programme de 2015, a-t-elle demandé, fournira-t-il les principes directeurs d’un pacte mondial pour résoudre ces problèmes?
Les participants à la conférence ont exploré, en ateliers, les réalisations et les faiblesses des ODM et les nouvelles dimensions du développement auxquelles un nouveau cadre devrait donner la priorité.
Un des participants à ces ateliers a mentionné le fait que « notre modèle de partenariat mondial est basé sur les bienfaiteurs et les démunis – nous avons besoin d’un nouveau modèle de partenariat fondé sur l’égalité ».
Geoffrey Cameron, chargé de recherche principal pour la Communauté bahá’íe du Canada, a agi comme personne-ressource pour un atelier portant sur le développement social inclusif. Les participants à cet atelier ont réfléchi sur la signification d’« inclusion sociale » et sur comment un nouveau modèle de développement pourrait aider les individus et les communautés à devenir les principaux agents de leurs propres processus de développement.
Lors de la séance de clôture, Karen Hamilton, secrétaire générale du Conseil canadien des Églises, a lancé à l’auditoire le défi de réfléchir au rôle de la religion dans un nouveau cadre de développement. Selon elle, toute initiative de développement devra tenir compte du rôle de la religion dans la vie des gens et des communautés. Elle a ensuite affirmé que les valeurs et les principes de la religion pourront aider à renouveler les engagements moraux et éthiques du développement international.