Paralysée et dévastée, voilà les deux vives émotions qu’a ressenties Sasha Eskandarian, une adepte de la foi bahá’íe qui habite à Mississauga, quand elle a appris que les gardiens de la révolution islamique avaient repris la démolition d’un cimetière historique à Shiraz, sa ville natale, en Iran. « Toute ma parenté est à Shiraz, mes deux parents et des amis proches. Tous les membres de ma famille qui sont décédés, et même mon frère qui est mort avant ma naissance, sont enterrés là. »
Après avoir interrompu le projet en réponse aux pressions exercées par la communauté internationale, et à l’outrage exprimé par des Iraniens de tous les milieux, des rapports parvenus de l’Iran indiquent que les gardiens de la révolution ont maintenant enlevé les dépouilles d’entre 30 et 50 bahá’ís des 950 qui sont enterrés dans ce cimetière, et les ont placées dans un canal à ciel ouvert pour faire place à la construction d’un nouveau complexe culturel et sportif.
Cette récente activité de démolition fait suite à une célébration publique des progrès accomplis dans ce projet, que les gardiens de la révolution ont eue le 14 juin. À cette célébration, le commandant des gardiens de la révolution de la province de Fars a prononcé un discours dans lequel il a attaqué les bahá’ís, disant que la foi bahá’íe était « une secte infecte » et « perverse ». Le commandant a prononcé son discours sur un tapis placé sur les tombes de plusieurs bahá’ís. Avant la célébration, ces tombes avaient été écrasées par un rouleau compresseur.
« La manière par laquelle les gardiens de la révolution ont détruit ce sol sacré et célèbrent maintenant sa démolition dépasse toutes les bornes d’un comportement humain », affirme Diane Ala’i, représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève.
« Manifestement, cette récente action — une célébration publique tenue sur la tombe de personnes innocentes — est une tentative de la part des gardiens de justifier la profanation du cimetière et le traitement fait aux bahá’ís en général, aux yeux d’un public iranien de plus en plus outragé », a-t-elle ajouté.
« Nous demandons que le gouvernement iranien mette immédiatement fin à cette profanation et que la communauté internationale exprime son inquiétude à l’égard de ce développement scandaleux », a dit Mme Ala’i.
Selon Mme Ala’i, les membres de la communauté bahá’íe de Shiraz ont imploré les autorités locales de suspendre définitivement le projet de construction, offrant également un compromis selon lequel le complexe sportif pourrait être construit sur ce terrain, mais pas dans la zone où les bahá’ís sont enterrés, et le cimetière lui-même pourrait être transformé en espace vert. On a toutefois dit aux bahá’ís que les autorités locales n’ont aucun contrôle sur les gardiens de la révolution, qui ont acquis ce terrain il y a environ trois ans.