L’immigration au Canada rend le pays de plus en plus diversifié à bien des égards, y compris sur le plan de la religion. Comment notre société réagit-elle à cette diversité croissante ?
Cette question a été examinée lors d’un séminaire tenu à la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto le 13 novembre — le deuxième d’une série organisée par le Bureau des affaires publiques de la communauté bahá’íe, en partenariat avec le Global Migration Lab et le Centre multiconfessionnel de l’Université de Toronto. Le premier de la série portait sur l’établissement initial au Canada.
Ce séminaire a examiné la question des accommodements raisonnables et de l’inclusion, qui sont devenus des thèmes importants dans le discours public sur la religion dans la vie canadienne.
Selon Andrew Parkin, directeur général de l’Environics Institute, la recherche par sondage révèle deux grandes tendances dans la vie canadienne en matière de religion. La première est le déclin de l’identification à une religion organisée, et la seconde est la diversité croissante du paysage religieux du Canada. Cela présente un clivage possible dans la société canadienne entre ceux qui ont une variété de croyances et ceux qui ne s’identifient pas à la religion.
L’une des conséquences de cette tendance, a commenté M. Parkin, est que les Canadiens sont généralement à l’aise avec la diversité religieuse comme expression culturelle. Ils le sont moins en ce qui concerne les questions de foi et de croyance. Il y a une privatisation de la croyance, même si diverses pratiques sont acceptées en public.
M. Parkin a suggéré qu’en réponse à ce phénomène, les personnes et les communautés religieuses pourraient être plus franches quant à leurs motivations pour apporter une contribution positive à la société. La religion inspire beaucoup de services sociaux et de contributions au bien commun, mais ces services ne sont pas toujours reconnus comme provenant d’une source de foi. Il est nécessaire de renforcer notre débat public sur la manière dont la religion motive l’action positive.
Selon Shaheen Azmi, les malentendus et les préjugés à l’égard des croyants, en particulier ceux des minorités racialisées, ont été qualifiés de « religionnisme ». M. Azmi est directeur des politiques, de la surveillance, de la sensibilisation et de la liaison à la Commission ontarienne des droits de la personne.
Il a fait remarquer qu’il existe une jurisprudence et des protections juridiques de plus en plus nombreuses qui protègent les personnes de religions différentes contre la discrimination dans les milieux privés et publics. Toutefois, il existe un fossé entre les protections juridiques accordées aux personnes sur la base de leur religion et de leurs convictions et l’évolution des normes de la société. Alors qu’une « laïcité ouverte » prévaut dans la loi (visant à encourager la neutralité et l’équité), dans des contextes plus informels, il existe une tendance vers une « laïcité fermée », qui exclut la religion du discours public et de l’action sociale.
Shari Golberg a ajouté que de nombreuses institutions réfléchissent à leurs obligations envers ceux qu’elles servent dans le cadre d’un accommodement raisonnable. Il s’agit souvent de respecter les droits de la personne et d’autres normes qui permettent de tenir compte des pratiques religieuses des gens dans divers contextes sociaux. Mme Golberg a exhorté les personnes présentes à adopter un état d’esprit de « conception inclusive » des espaces sociaux comme approche plus proactive de la diversité religieuse. Cela pourrait comprendre de la formation et de l’éducation sur les coutumes et les pratiques religieuses, afin d’aider les Canadiens à être plus à l’aise avec la présence durable de la religion dans notre société.
Le dernier séminaire de cette série aura lieu en 2020. Pour obtenir plus d’informations, veuillez écrire à publicaffairs@bahai.ca.