Le texte qui suit est la traduction d’un article paru le vendredi 13 mai 2011 dans la section Full Comment du National Post.
Le 14 mai marquera le troisième anniversaire de la détention des sept dirigeants de la communauté bahá’íe d’Iran. Après une détention illégale de trente mois, à la prison Evin de Téhéran, les sept détenus ont comparu devant un tribunal en août 2010 et ont été condamnés. Ils avaient été membres d’un groupe dont les activités pour servir les besoins minimums de la communauté bahá’íe, avaient été, jusqu’à leur arrestation en mai 2008, permises par le gouvernement.
Leur avocate et lauréate du prix Nobel, Shirin Ebadi, a dit que la procédure du tribunal avait été une mascarade et qu’aucune preuve qu’un crime avait été commis n’avait été présentée. Après une procédure d’appel, leur peine de 20 ans de prison a été réduite à dix ans. Toutefois, il y a deux mois, un tribunal a rétabli les peines de vingt ans, malgré que le tribunal d’appel ait retiré trois des plus graves chefs d’accusations. Jusqu’à ce jour aucun document officiel sur les décisions du tribunal, ni le premier verdict ni la décision en appel, n’a été présenté aux prisonniers ou à leurs avocats.
Des rapports reçus cette semaine indiquent que les deux prisonnières – Fariba Kamalabadi, psychologue et mère de trois enfants, et Mahvash Sabet, principale d’école, ont été transférées à la prison Qarchak, à une soixantaine de kilomètres de Téhéran.
« Nous comprenons qu’elles sont incarcérées avec 400 autres prisonnières dans une grande salle du type entrepôt, disposant seulement d’installations sanitaires minimales », a expliqué Mme Bani Dugal, la représentante principale de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.
Roxana Saberi, la journaliste américaine qui a passé plusieurs mois dans une prison iranienne en 2009, a souvent parlé de la compassion que Mme Kamalabadi et Mme Sabet lui avaient manifestée quand elles partageaient une cellule à la prison Evin.
« Elles nous ont donné courage et espoir et ont pris soin de moi quand je faisais la grève de la faim », a écrit Mme Saberi dans un article paru dans le Wall Street Journal en mars 2011. « Ces sept hommes et deux femmes ont été accusés de crimes tels que d’avoir insulté le caractère sacré de la religion, d’avoir espionné pour Israël, accusations qui n’ont jamais été prouvées. »
Les gouvernements successifs du Canada se sont trouvés sur la première ligne des efforts de la communauté internationale pour exercer des pressions intenses sur l’Iran. Il semble qu’elles ont eu pour effet de modérer les attaques dirigées contre les bahá’ís, mais après l’élection du président Ahmadinejad en 2004, les violations des droits fondamentaux des bahá’ís se sont intensifiées. Depuis, quelque 382 bahá’ís ont été arrêtés. Aujourd’hui, 75 d’entre eux sont toujours en prison, 100 autres attendent d’être arrêtés de nouveau avant de recevoir leur peine.
On refuse aux bahá’ís l’emploi dans la fonction publique et l’obtention de permis d’exploitation d’une entreprise. Les quelques bahá’ís qui sont admis dans les universités sont vite expulsés, dès qu’on apprend qu’ils sont bahá’ís. Leurs domiciles sont souvent saccagés par des représentants de l’État. Leurs maisons sont incendiées, dans certains cas par des personnes qui ont été incitées à commettre de tels actes par des pamphlets anonymes, qui cherchent à susciter l’animosité envers les bahá’ís.
En mars dernier, la femme du prisonnier le plus âgé, Jamaloddin Khanjani, qui a presque quatre-vingts ans, est décédée à Téhéran. Contrairement à la coutume, on a refusé à M. Khanjani la permission d’assister aux funérailles de sa femme. Des milliers de personnes, dont un grand nombre qui n’étaient pas bahá’íes, ont risqué leur sécurité pour assister aux funérailles à Téhéran.
La nièce canadienne de M. Khanjani, la cinéaste montréalaise Nika Khanjani a dit que les membres de sa famille en Iran pleuraient leur perte en privé mais qu’ils continuaient de servir leur pays. »
Partout dans le monde, les gouvernements, dont récemment ceux de l’Union européenne et du Royaume-Uni, ont condamné l’Iran. Le gouvernement canadien a soumis une résolution à l’Assemblée générale des Nations unies sur les violations des droits fondamentaux commises par l’Iran et en décembre, celle-ci a reçu l’appui de la majorité des membres. Par ailleurs, le 6 février, lors d’un débat parlementaire, les députés conservateurs, libéraux et nouveaux démocrates ont exprimé leur appui des bahá’ís d’Iran. En mars 2009, lors d’un vote de tous les partis, une motion condamnant le traitement infligé aux bahá’ís d’Iran a reçu un appui unanime à la Chambre des Communes et, à plusieurs reprises, le ministre des Affaires étrangères a dénoncé cette situation.
Le régime iranien demeure sourd aux condamnations de la communauté internationale. Alors que le monde tourne son attention vers d’autres situations plus spectaculaires, les violations des droits fondamentaux des citoyens iraniens se poursuivent, qu’il s’agisse de la violation des droits des défenseurs de la démocratie ou des droits de la personne, des étudiants, des femmes, des dirigeants de syndicats de travailleurs ou des journalistes.
On a dit qu’une preuve décisive du fait que les citoyens iraniens auront conquis leur liberté véritable sera l’émancipation des bahá’ís. C’est pour maintenir cet espoir que des activités marquant l’anniversaire de l’arrestation des sept dirigeants bahá’ís auront lieu partout dans le monde cette fin de semaine, dont des assemblées de prières qui auront lieu partout au Canada.
Gerald Filson est directeur du Service des affaires extérieures de la Communauté bahá’íe du Canada.