« Cessez de répéter inutilement les traditions du passé ». C’est ce que proclamait Tahirih, une poétesse persane du dix-neuvième siècle, et c’est exactement ce que les collaborateurs d’Erika Batdorf ont dû faire en développant une nouvelle pièce de théâtre au sujet de cette poétesse.
Les membres de la compagnie théâtrale ont décidé d’incorporer la prière à leurs répétitions – une chose qui ne se fait jamais dans le monde du théâtre. Sous la direction de Mme Batdorf, les comédiens ont voulu communier avec Dieu, avec eux-mêmes et les uns avec les autres, afin de pouvoir être inspirés par l’esprit de Tahirih.
Iris Turcott, une collaboratrice d’Erika Batdorf à la rédaction, insiste que la pièce vise à canaliser cet esprit et non à l’inventer. « Nous voulons communiquer le pouvoir de cet esprit » a-t-elle dit. « Il est vivant et tangible – il ne s’agit pas d’une interprétation. »
La troupe était au Centre bahá’í de Toronto le 12 mai dernier pour promouvoir cette pièce qui faitmaintenant parti du Luminato Festival. À cette fin on a présenté les comédiens et décrit le sens du sacré qui a caractérisé le processus de création. De plus, quelques pièces musicales tirées de la pièce ont été interprétées par la chanteuse iranienne Shohreh Haghiri. Le Luminato Festival est un important festival théâtral et artistique de réputation mondiale, qui a lieu à Toronto.
Mme Batdorf a dit que plutôt que de faire un récit prosaïque de la vie de Tahirih, elle avait voulu créer une version tri-dimensionnelle de sa poésie. C’est pourquoi la pièce accorde une place importante à sa poésie qui est chantée en persan et présentée en anglais, et fait également appel au texte, à la danse et au jeu des comédiens.
Tahirih, une poétesse, avait reconnu Siyyid Ali-Muhammad, connu comme le Báb, dont la mission était d’annoncer la venue de Bahá’u’lláh, le fondateur de la foi bahá’íe, dont Mme Batdorf est une adhérente. Tahirih a fait preuve d’un grand courage pour défendre la cause de l’égalité de la femme et de l’homme, mais, du fait que la société iranienne a longtemps été dominée par les hommes, l’histoire de sa vie a pratiquement été effacée.
Mme Batdorf raconte que lors d’un voyage en Indonésie pour faire la promotion d’une autre de ses pièces, les questions que les femmes lui posaient le plus souvent étaient au sujet de Tahirih et de sa quête pour trouver sa propre identité. « Cette pièce est la réponse de mon cœur à ces femmes », explique Mme Batdorf, en laissant entendre que Tahirih est un modèle pour toute personne qui entreprend une telle quête.
Au début, elle avait l’intention de payer elle-même les frais de production et tous ont travaillé très fort et investi un nombre incalculable d’heures, mais elle a le sentiment que des forces en dehors de son contrôle ont joué un rôle pour que la pièce soit reconnue autant qu’elle l’a été. À sa grande surprise, le Luminato Festival a, de façon inhabituelle, décidé de commanditer le développement et la production de la pièce, par une aide financière substantielle.
Les comédiens parlent de l’état de complétude qui a été créé en intégrant la prière au début de chacune des répétitions. « Il n’arrive pas souvent que vous ayez l’occasion de traiter de votre foi dans votre travail », a dit la comédienne Marya Lowry. Elle a décrit son expérience pour maintenir une séparation entre sa vie publique et séculière et sa vie privée et religieuse. La danseuse Kate Digby a parlé du fait qu’il est nécessaire de participer courageusement aux efforts pour changer la nature des débats publics, en apprenant à investir la totalité de notre personne dans notre travail et dans le processus artistique.
Mme Batdorf a dit que prier ensemble n’avait pas toujours été une chose « facile ou jolie », car les membres de la troupe ont des croyances diverses – catholiques, pentecôtistes, autochtones et bahá’íes. Pourtant l’intimité des séances de prière – personne d’autre n’avait le droit d’y assister – et, à chaque occasion, les discussions franches à propos de leur expérience ont permis au groupe d’arriver à une compréhension commune du concept de quête spirituelle, qui va au-delà de la terminologie particulière que chacun d’eux utilise pour le décrire. « Notre premier but a toujours été l’unité » a affirmé Mme Batdorf.
La pièce qui est intitulée One Pure Longing: Tahirih’s Search [Un désir pur : la quête de Tahirih], une référence au titre de Tahirih, La Pure, sera présentée au théâtre Buddies in Bad Times, du 11 au 14 juin. Une matinée aura lieu si nécessaire. Les billets se vendent 35 $ et sont disponibles en ligne en cliquant ici.
Il y a plus de cent ans, Tahirih disait à un peuple prisonnier des traditions « Que les actions et non les mots soient votre parure! ». Mme Digby dit que le matérialisme était une de ces traditions dont les comédiens se sont défaits lorsqu’ils ont prié ensemble. « Il était nécessaire que nous le fassions. »