« La violence contre les femmes est le symptôme d’une société qui manque de valeurs spirituelles. »
Ces remarques de Thea Symonds ont aidé à encadrer un séminaire sur de vastes sujets organisé par le Bureau des affaires publiques de la Communauté bahá’íe du Canada sur le rôle de la religion dans l’éradication de la violence contre les femmes. Mme Symonds est coordonnatrice de coalitions contre la violence faite aux femmes et membre de la communauté bahá’íe.
Le séminaire s’est tenu le 24 novembre, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des 16 jours d’activisme contre la violence sexiste. Il était coparrainé par le Centre for Israel and Jewish Affairs, le Conseil canadien des femmes musulmanes, la Southern Chiefs' Organization et le Stop Violence Against Women Coordinating Committee of Perth County. Plus de 90 participants se sont joints à la discussion virtuelle, qui sera disponible sur YouTube et dans le cadre du balado du Discours public.
Par ailleurs, la conférence a coïncidé avec le centenaire de la disparition de ‘Abdu’l-Bahá, figure centrale de la foi bahá’íe qui a défendu le principe de l’égalité des femmes et des hommes comme étant essentiel à la réalisation de la paix et de la prospérité universelles.
Afsoon Houshidari, la modératrice de la conversation, a commencé par une réflexion sur le rôle de la religion dans la société : « Le mot religion vient du latin “religio”, qui signifie “relier” ou “connecter”. Ainsi, cet après-midi, nous examinerons comment ce lien entre les gens, entre les hommes et les femmes, entre l’humain et le divin, peut contribuer à éradiquer l’un des plus grands maux qui affligent la société actuelle : la violence à l’égard des femmes. »
Le rabbin Debra Landsberg, vice-présidente du Caucus rabbinique canadien, a fait remarquer que de nombreuses traditions religieuses de l’humanité ont historiquement approuvé l’inégalité des sexes, mais que ces mêmes traditions « nous appellent à agir à partir de notre meilleur moi ». Elle a fait remarquer qu’il est nécessaire de reconnaître la réalité de la violence à l’égard des femmes et que chaque communauté « doit comprendre qu’il s’agit d’un sujet dont nous voulons parler avec notre propre langage et notre propre cadre ».
Nuzhat Jafri, la directrice générale du Conseil canadien des femmes musulmanes, a ajouté que, de son point de vue, la religion doit être fondée sur des principes spirituels : « les principes d’égalité entre les hommes et les femmes et le principe de justice ».
S’appuyant sur l’expérience du travail effectué par le CCFM, elle a déploré « une distorsion de l’interprétation des textes religieux et des pratiques traditionnelles qui sont parfois utilisés pour justifier la violence et le traitement inéquitable des femmes dans certaines familles », alors même que les textes religieux indiquent clairement que le traitement des hommes et des femmes doit être équitable et juste.
Elle a souligné l’importance de faire participer les hommes et les garçons à ce processus. « Ce problème ne peut pas être résolu par nous, par les femmes ; il doit faire participer les hommes et les garçons », a-t-elle déclaré.
Jennifer Moore Rattray, ancienne directrice exécutive de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et actuelle directrice des opérations de la Southern Chiefs » Organization, a fait remarquer que les traditions et la spiritualité autochtones ont également un rôle à jouer dans l’éradication de la violence à l’égard des femmes. « Nous avons tous une responsabilité », a-t-elle déclaré. « Mais en particulier, je dirais que les communautés confessionnelles devraient reconnaître — et proclamer qu’elles reconnaissent — que chaque être humain est sacré, et que la violence va à l’encontre de tout ce qui est sacré. »
Elle a souligné le rôle des communautés confessionnelles — « un lieu de force, un lieu d’interrogation, un lieu de réflexion et d’autoréflexion, un lieu de l’esprit » — pour engager des conversations spécifiquement avec les hommes, qui ont été les principaux auteurs de la violence domestique.
Mme Symonds a ajouté à ces commentaires en réfléchissant au rôle de l’éducation dans la lutte contre les causes profondes de la violence à l’égard des femmes.
Les communautés religieuses et les familles peuvent servir de modèle pour le respect et l'autonomisation des filles et des femmes, a-t-elle déclaré. Elles « ont un rôle essentiel à jouer en dispensant une éducation spirituelle conforme à l'égalité des femmes et des hommes et à la moralité inhérente à chaque personne. Ils ont un rôle important à jouer en étant un exemple vers lequel les gens peuvent se tourner lorsqu'ils structurent leurs familles et leurs sociétés. »