En 2002, la Maison universelle de justice, le conseil mondial de direction de la communauté bahá’íe, annonçait que la des maisons d’adorations continentales serait construite à Santiago, au Chili. Michelle Murphy, une bahá’íe canadienne, qui a assisté à l’inauguration nous fait part de ses réflexions sur l’importance que la maison d’adoration a à ses yeux.
Je me souviens de ce moment : j’avais la chair de poule à l’idée de la possibilité d’assister à l’inauguration de la nouvelle maison d’adoration. Les années ont passé et j’attendais.
Enfin, le moment tant attendu est arrivé : l’annonce des dates de l’inauguration de cette lumineuse maison d’adoration. J’ai fait une demande dès le moment où les formulaires de demandes ont été publiés, et la longue attente pour savoir si je serais choisie a commencé. Cinq mille personnes des quatre coins du monde allaient être invitées à participer à cette très importante occasion, dont 3000 venant de pays de langue espagnole ou portugaise, et 2000 des autres pays. Le cœur plein d’espoir j’ai beaucoup prié. L’invitation est finalement arrivée par courriel. En moins d’une heure, j’avais obtenu le consentement de ma famille, accepté l’invitation et acheté mon billet d’avion.
Les célébrations ont commencé le 13 octobre. Le visage radieux et souriant, contenant à peine leur impatience, les délégués venus de 110 pays, certains portant un costume national, se sont rencontrés et ont chaleureusement fait connaissance à leur arrivée au stade Movistar.
Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Je regardais autour de moi pour voir avec qui je vivrais cette occasion historique. J’ai pu voir des gens de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud, des gens du Japon, de l’Afrique du Sud, des Brésiliens et des Allemands, des Canadiens et des Chiliens. J’ai rencontré Anas de la Jordanie et Gloria de Wilmette, aux États-Unis. J’ai refait connaissance avec Soley, une amie des îles Féroé, avec Alain des Pays-Bas, et avec Edelo de Nouvelle-Calédonie. Ensemble, nous avons entendu les voix angéliques de la chorale, nous avons vu l’émouvante présentation théâtrale sur trois héroïnes de la Foi, entendu les allocutions vibrantes de membres érudits de la communauté bahá’íe et vu des numéros artistiques et de danse de talentueux artistes locaux. Quand le chanteur venu de Colombie est paru sur scène, nous nous sommes levés et avons dansé avec lui.
Pour moi, le moment fort du programme a été l’allocution de M. Hariri, l’architecte torontois qui a décrit ce qui l’avait inspiré. Cette structure, bâtie pour durer 400 ans, ne pouvait qu’être le fruit d’un mariage de la science, de l’art et de la foi. Après, nous étions enfin prêts à voir la maison d’adoration de nos propres yeux.
On nous a divisés en dix groupes de 500 personnes. Sur le bus, on nous a rappelé que nous étions parmi les premières personnes à visiter cette maison d’adoration. Quel honneur! Puis notre guide nous a dit que nous allions voir les portraits de Bahá’u’lláh et du Báb, un privilège normalement réservé aux pèlerins qui visitent les saints mausolées à Haïfa et à Acre, en Israël. À cette nouvelle, nous étions sans voix, stupéfaites.
Quand nous avons monté les marches menant à cette structure éthérée, assise au centre des miroirs d’eau et d’une ébauche de jardins, juchés au pied des Andes, ma première impression a été qu’elle semblait bien petite. Mais j’ai bientôt pu constater l’échelle réelle de la structure et une fois que j’y suis entrée, elle m’a semblée être d’une taille idéale. L’espace intérieur, qui peut loger environ 600 personnes marie habilement la simplicité et l’élégance à une forme et à un mouvement complexes. Les « ailes » de marbre et de verre formant une spirale qui monte jusqu’à l’oculus où a été fixé le Plus-Grand-Nom, servent à donner un certain essor à l’esprit, alors que le corps reste bien planté sur le plancher de noyer couvert de tapis persans. Je me suis assise près de mon amie Edelo. Nous nous sommes inclinées durant la les prières, récitées et chantées en diverses langues, et j’ai essayé de graver ce moment dans mon cœur. Ensuite nous avons fait la file pour regarder les portraits avant de sortir du bâtiment. Rien ne m’avait préparée à la vague d’émotions qui m’ont assaillie. J’étais si émue que j’ai à peine pu tourner mon visage en larmes pour regarder les portraits quand je m’en suis approchée.
Je suis revenue seule le lendemain. Je me suis tournée pour regarder la maison d’adoration qui brillait doucement contre un ciel sombre, prête pour une nouvelle aube.