Dans le Queen’s Park de New Westminster, en Colombie-Britannique, se trouve un totem qui rend hommage à Dorothy Maquabeak Francis, une femme dont le travail au service de l’humanité continue aujourd’hui d’influer sur la vie de nombreuses personnes. Dorothy Francis était membre de la communauté bahá’íe, et, au nombre de ses contributions importantes, a été la création du premier centre d’amitié autochtone du Canada.
Le totem de 7 pieds montre un ours portant un bouclier, symbole de son nom, Maquabeak, qui signifie « femme de l’ours assis » et la force de son nom est un fidèle reflet du courage face aux difficultés dont elle a fait preuve tout au long de sa vie.
Érigé à l’origine en 1990, le totem avait été usé par les éléments. Ella Benndorf, une bahá’íe qui connaissait Dorothy Francis, a pris l’initiative de faire restaurer le totem de manière à mieux refléter, comme au moment où il a été érigé, la personne à laquelle il fait honneur.
Le projet d’ériger un totem en l’honneur de Dorothy Francis a été lancé en 1994, quatre ans après son décès. Le totem a été sculpté par Joseph Norbert Courville, un détenu de prison qui l’avait rencontrée et qu’elle avait inspiré quand elle travaillait à mettre en œuvre dans les établissements correctionnels des programmes pour les membres des Premières Nations. Depuis lors, la famille de Dorothy Francis a organisé à Queen’s Park un pique-nique annuel à la fête des mères, où des amis et des membres de la communauté bahá’íe se réunissent près du totem commémoratif pour chanter, prier et entendre de courts discours.
Cette année, avec le soutien de la ville de New Westminster et en commémoration de la Journée nationale des peuples autochtones, le totem a été démantelé le 21 juin afin que Bear Sam, un sculpteur de la Première nation Tsartlip, de la péninsule de Saanich, vivant actuellement à Victoria, puisse effectuer la restauration du totem.
Avec ses assistants et la participation du public, Bear Sam a nettoyé le totem et l’a préparé pour être repeint au Centre Anvil du Musée et des Archives de New Westminster. Le totem a été réinstallé le mardi 3 juillet à Queen’s Park lors d’un rassemblement spécial qui comportait des chants, des tambours, des prières et des paroles à la mémoire de la chère Dorothy Francis. Alors que des passants curieux s’arrêtaient dans le parc pour se renseigner sur le rassemblement, il était évident que longtemps après son décès, la vie de Dorothy Francis, au service des autres continuait d’inspirer et de toucher les cœurs.
Née dans la Première nation des Saulteaux en 1912, Dorothy Francis a connu la discrimination et l’injustice en tant qu’autochtone canadienne. « Nous n’avions aucun droit, nous ne pouvions rien faire sans un permis gouvernemental — vendre notre bétail, acheter du matériel agricole, encourager nos enfants à faire des études plus avancées — alors nous nous sommes lancés seuls », a-t-elle déclaré antérieurement[1]. En 1953, alors qu’elle élevait ses neuf enfants avec son mari, Joseph, dans une réserve située près de Broadview, en Saskatchewan, une tragédie les a frappés quand un de leurs enfants est mort, un décès qui aurait pu être évité, si les soins de la santé offerts aux autochtones avaient été adéquats.
Cherchant une vie meilleure pour leur famille, ils ont déménagé à Regina, mais personne ne voulait louer un logis à une famille nombreuse des Premières nations, les obligeant à s’installer dans une tente, en bordure de la ville. C’est à Regina que Dorothy Francis a fondé le premier centre d’amitié autochtone au Canada et, durant cette période, elle a passé la plupart de ses soirées à y conseiller d’autres membres de la communauté des Premières nations.
En 1960, après plusieurs années à chercher un sentiment d’appartenance pour elle-même et son peuple dans la société canadienne, Dorothy Francis a découvert la foi bahá’íe et a trouvé la paix dans cette religion qui lui permettait non seulement de conserver sa culture autochtone, mais aussi de l’aider à s’épanouir. Dorothy Francis a voyagé dans de nombreuses régions du Canada, offrant le message de guérison et de l’unité essentielle de l’humanité des enseignements de Bahá’u’lláh.
Dorothy Francis a été agente de développement économique, et de soutien aux activités culturelles des Premières nations, conseillère auprès de conseils d’art et d’artisanat nationaux et provinciaux et animatrice d’une émission de radio nationale sur la culture autochtone. Ce sont là quelques-unes des nombreuses façons par lesquelles Dorothy Francis a sensibilisé le public aux cultures et aux communautés autochtones du pays. Pour ses efforts extraordinaires, Dorothy Francis a été reconnue membre de l’Ordre du Canada en 1978.
[1] « Saskatchewan Indian », mars 1978 vol. 8, no3, p.40.