Du 28 au 30 avril, environ 150 personnes se sont réunies à l’université de Toronto pour participer à un dialogue constructif et à une exploration du rôle changeant de la religion dans une société canadienne pluraliste.
La Communauté bahá’íe du Canada était l’un des organismes parrains de la conférence La société dans son ensemble : Identité et terrain d’entente à une époque de transition, la quatrième d’une série de conférences organisées par la Conversation interconfessionnelle canadienne pour promouvoir de nouvelles approches à la réflexion sur les contributions de la religion au discours public au Canada. Les conférences précédentes ont eu lieu à Montréal (en 2013), Vancouver (en 2015) et Ottawa (en 2017).
« Un aspect important de cette conversation est d’apprendre à combler le fossé existant entre la religion et la laïcité, en se concentrant dans ces discussions sur les questions d’intérêt public et en mettant à profit les idées des religions du Canada et de leurs communautés », a déclaré Geoffrey Cameron, directeur du Bureau des affaires publiques de la communauté bahá’íe du Canada et président du comité directeur de la conférence.
« Nous avons maintenant amené des centaines de personnes partout au pays à penser et à parler différemment du rôle de la religion dans la société, ce qui ouvre la voie à une conversation exploratoire sur la façon dont nous pouvons apprendre les uns des autres », a déclaré M. Cameron. « Nous devons découvrir comment tirer profit des traditions religieuses du Canada en tant que sources d’inspiration qui peuvent contribuer, de diverses façons, à bâtir une société plus unie dans sa diversité. »
Tout au long de la conférence, trois sous-thèmes ont été explorés : Repenser l’identité, combattre l’extrémisme et la polarisation, et la technologie, les valeurs et la société.
La conférence a commencé par une conversation, animée par Gerald Filson, membre de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Canada, entre deux personnalités de la tradition religieuse canadienne dans la sphère publique, David Novak et Mary Jo Leddy. La conversation s’est concentrée sur les questions relatives à la façon dont la religion peut aider à favoriser un degré d’unité plus élevé dans une société qui semble de plus en plus poussée vers les extrêmes.
« Comment la religion peut-elle contribuer à l’élaboration d’un langage qui peut nous aider à nous rapprocher », a demandé Mme Leddy, fondatrice de la Maison Romero pour réfugiés, dans son allocution d’ouverture.
Le programme de la conférence mettait en vedette un certain nombre d’éminents penseurs de tous les secteurs de la société canadienne, notamment de la politique, des médias, de l’université, de la société civile, des fondations et des communautés religieuses. Les présentations et les discussions en groupe tout au long de la conférence ont suscité des questions perspicaces de la part d’un auditoire hétérogène. Dans les ateliers, les participants se sont penchés sur la façon dont les croyants trouvent des points communs et mettent en évidence des valeurs et des principes communs pour renforcer notre société.
La table ronde plénière d’ouverture a exploré l’idée de repenser les sources de notre identité, et ce que signifie être humain.
Kofi Hope, du Wellesley Institute, a commenté : « Pour rassembler les gens, nous devons regarder nos racines religieuses. Chaque individu a une âme, une essence spirituelle qui nous relie à la divinité, à la dignité intérieure et à l’estime de soi… En cette période de perturbation, les gens sont prêts à chercher de nouvelles idées. C’est une conversation spirituelle - trouver un sens et un but à notre vie. »
Bob Rae, ancien premier ministre de l’Ontario et ancien chef par intérim du Parti libéral du Canada, a élaboré ces commentaires dans son discours liminaire.
« Nous pensons souvent que la conversation consiste à parler, puis à attendre pour parler ou à interrompre. Souvent, nous n’entendons pas ce que les autres disent parce que nous sommes trop pressés de parler. » Rae a exhorté les participants au dialogue, à se concentrer sur l’écoute et à apprendre les uns des autres.
La deuxième table ronde plénière a examiné comment la religion peut aider les gens à répondre de manière constructive aux forces de la polarisation et de l’extrémisme.
Adam Cutler, rabbin supérieur à la Congrégation Adath Israel, a observé : « S’attaquer aux grands problèmes n’est pas quelque chose qu’un seul segment de la société peut gérer seul. Il faut beaucoup de consultations et de conversations de confiance entre les communautés religieuses, les groupes ethniques religieux, le gouvernement et le milieu universitaire pour trouver de bonnes solutions qui fonctionneront dans le contexte canadien. »
Dans son discours-programme, Solange Lefebvre, titulaire d’une chaire de recherche à l’Université de Montréal, a analysé comment les médias sont impliqués dans la montée de l’extrémisme. Elle a également réfléchi sur la manière dont les groupes religieux devraient répondre à ce défi : « Comment éduquer des croyants ouverts et rigoureux ? Comment le fait-on ? Nous avons besoin de communautés très dynamiques, capables de poser les bonnes questions. Nous avons besoin d’un bon leadership, de personnes flexibles et compétentes, qui connaissent les traditions, qui connaissent le texte sacré, mais qui sont aussi capables de poser les bonnes questions. »
Le dernier sous-thème de la conférence a examiné la relation entre la science et la religion, en particulier par rapport à la technologie.
Borna Noureddin, professeur à l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique, a fait remarquer que lorsqu’il s’agit de choix technologiques, nous ne pouvons pas considérer uniquement les utilisateurs en tant que particuliers. Nos communautés et notre culture exercent également des forces puissantes, et celles-ci doivent faire partie de notre conversation sur la conception et l’utilisation des technologies.
« Qui sont les protagonistes de l’évolution sociale ? Quelles sont les relations essentielles qui existent entre eux ? Quelles sont les relations de pouvoir ? Nous semblons penser que les particuliers peuvent et devraient avoir un choix technologique, mais quel choix avons-nous vraiment quand il n’y a pas de volonté collective ? » a demandé M. Noureddin.
Lors d’un atelier axé sur les efforts d’Illumine Media, un organisme sans but lucratif d’inspiration bahá’íe, Esther Maloney a expliqué comment la production médiatique dirigée par des jeunes peut influencer la culture et aider à générer une volonté collective. « Les acteurs religieux et laïques ont tous deux le désir de voir les communautés locales s’épanouir et veulent des espaces plus justes pour les êtres humains, en particulier pour les jeunes, afin qu’ils grandissent dans des communautés qui les aident à s’épanouir », a dit Mme Maloney. « Je pense qu’à tous les niveaux, les gens se demandent comment nous pouvons nous traiter les uns les autres, comment nous pouvons nous comporter les uns avec les autres, de manière à bâtir des communautés plus fortes. »
Le dernier discours liminaire a été prononcé par Michael Ruse, un philosophe des sciences de renom, qui a présenté les domaines de complémentarité possible entre la science et la religion.
En tant que philosophe qui s’est concentré sur la science de l’évolution et ses implications, il a affirmé que la vraie leçon de l’évolution n’est pas que les humains sont naturellement compétitifs ou centrés sur la recherche de leur avantage personnel.
« Le sens de la vie, c’est d’être humain et d’être en société et d’utiliser ses talents du mieux qu’on peut pour le bien des autres… Les seules personnes vraiment heureuses sont celles qui donnent aux autres », a-t-il conclu.