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Une conférence tenue à Montréal explore le rôle de la religion dans le discours public au Canada

Une conférence tenue à Montréal explore le rôle de la religion dans le discours public au Canada

Nous sommes interpellés à promouvoir un nouvel esprit de civilité […] dans une société qui va sans cesse en se diversifiant, où nous pouvons discuter ouvertement ensemble de nos croyances, valeurs et principes et de leur relation au bien commun. »

Cette déclaration décrit les objectifs d’une conférence sur le thème « Combler le fossé laïque : Religion et discours public au Canada », qui a eu lieu à l’Université McGill les 27 et 28 mai. Elle était le fruit d’une collaboration entre la Faculté des études religieuses de l’Université McGill et d’un comité directeur représentatif de la diversité confessionnelle au Canada. Environ 150 personnes y ont pris part.

La première journée, les conférenciers ont abordé la question du rôle de la religion et de la laïcité dans les espaces du discours public, tels que les médias, les tribunaux, la colline du Parlement et la société civile. La plus grande part de la seconde journée a été consacrée à l’exploration des divers concepts contribués au discours public par les religions et portant sur des questions comme la pauvreté et l’inégalité, l’environnement et le changement climatique, l’autonomisation des jeunes, l’éducation publique, la laïcité au Québec, les processus relatifs à la vérité et à la réconciliation et la politique étrangère.

Lors de la première table ronde, le rabbin Lisa Grushcow a affirmé que : « La laïcité au Canada a une double tâche : protéger les droits des minorités religieuses en surveillant les espaces publics tout en permettant à une diversité de points de vue confessionnels d’être exprimés dans les discours publics. »

Patrice Brodeur, titulaire de la Chaire de recherche du Canada, Islam, pluralisme et globalisation, à l’Université de Montréal a ajouté que les collectivités confessionnelles peuvent sentir la pression exercée par la laïcité, mais « nos principes spirituels demandent que nous transcendions les discours reflétant une attitude de victime. »

Il a ajouté que nous devons « changer comment nous bâtissons notre identité » en faisant de la religion une cause de division sociale. « Nous avons une identité humaine commune et devons commencer avec cela pour contextualiser nos autres identités. »

Lors d’une table ronde formée de représentants de diverses collectivités confessionnelles, Suzanne Tamás a offert un point de vue bahá’í. Elle a dit « Selon ce que nous comprenons, la raison d’être de la religion est la transformation, et la transformation de l’individu et de la société sont des processus complémentaires et interdépendants. »

Étant donné que les collectivités confessionnelles cherchent à participer aux discours du domaine public, a-t-elle dit, « nous devrions considérer que notre participation aux discours est une quête de la vérité plutôt qu’une occasion de tenter de persuader les autres d’adopter notre point de vue. »

La première journée, la séance plénière présentait une conversation entre deux importants intellectuels de la sphère publique – le philosophe politique Daniel Weinstock et l’ancien député fédéral Bill Blaikie. M. Weinstock a dit que nous devrions moins nous préoccuper du fossé qui peut exister entre la pensée religieuse et la pensée laïque et être plus attentifs au fossé qui existe entre les citoyens et la sphère publique. « Nous voulons que tout le monde contribue à l’amélioration de notre société, et nous voulons que les gens s’expriment d’une voix authentique. » Cela signifie que le discours public doit inclure les points de vue religieux.

M. Blaikie a ajouté que : « Nous devons créer la solidarité dans le contexte de la diversité. Voilà ce que nous devons faire. »

Le théologien James Christie a ouvert le programme de la seconde journée, disant : « Il existe deux laïcités : la première est matérialiste et ne fait pas de place à la religion, et l’autre est caractérisée par une intégration radicale. » Toutefois, pour que la religion joue un rôle productif dans le discours public, a-t-il ajouté, elle doit « accepter pleinement ce qui est bien est positif », elle doit être en harmonie avec la science et défendre son importance.

La conférence s’est terminée par une séance portant sur la liberté de religion et la politique étrangère du Canada, des sujets abordés par M. Andrew Bennett, le nouvel ambassadeur pour la liberté de religion, et Mme Anne Leahy, ancienne ambassadrice au Saint-Siège. M. Bennett a souligné que la liberté de religion « n’est pas une question théologique, mais plutôt une question qui relève de la condition humaine […] nous devons tous jouir de la liberté de chercher la vérité et de découvrir Dieu. » Il a ajouté que : « La valeur des droits fondamentaux repose sur la moralité et ne dépend pas de la culture – elle est fondée sur la dignité humaine et sur notre humanité commune. »

À la fin de la conférence, on a exprimé l’intention d’organiser d’autres conférences semblables, pour poursuivre la conversation sur la religion et le discours public au Canada.

La communauté bahá’íe était au nombre des organisations qui ont parrainé la conférence. Elle était représentée par Geoffrey Cameron, chercheur principal, qui a servi au sein du Comité directeur et du Comité responsable du programme, Gerald Filson, directeur du Bureau des affaires publiques, qui a présidé une séance sur les médias et a participé à une table ronde avec des représentants d’autres confessions, et par Susanne Tamás, directrice du Bureau des relations gouvernementales, qui a présidé la table ronde sur la politique étrangère.

La conférence a reçu une bonne couverture dans les médias, dont le Toronto Star, le National Post, le Vancouver Sun, le Montreal Gazette, Le Devoir et le poste de radio CJAD. La conférence a été diffusée en direct sur Internet en partenariat avec la Tony Blair Faith Foundation.

Vous pouvez accéder au programme de la conférence en cliquant ici.

Vous pouvez accéder au document-cadre de la conférence en cliquant ici.