Le 6 mars, le Bureau des affaires publiques de la Communauté bahá'íe du Canada et l’École Munk des affaires mondiales de l’Université de Toronto ont parrainé un séminaire sur la religion et la migration, qui a exploré les diverses façons dont les groupes religieux, l’immigration et l’opinion publique sont liés.
Le séminaire a examiné comment la religion façonne la migration et vice versa : comment les groupes confessionnels ont-ils influencé les modèles et les politiques d’immigration? Comment l’immigration change-t-elle la religion dans une société canadienne laïque? Et que nous apprennent les expériences de déplacement des Autochtones au sujet des récits populaires d’accueil?
Le séminaire faisait partie de la série de séminaires du Global Migration Lab de l’Université de Toronto sur les défis de la migration mondiale, organisés en partenariat avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Au début du séminaire, Geoffrey Cameron, directeur des Affaires publiques de la Communauté bahá’íe du Canada, a expliqué que si la communauté bahá’íe coparrainait le séminaire, c’était pour appuyer le développement des connaissances sur des questions d’intérêt public national, notamment la citoyenneté et la migration. Nous espérons que ce séminaire sera le premier d’une série qui explorera la relation entre la religion, la citoyenneté et la migration au Canada.
La première conférencière, Shachi Kurl, directrice générale de l’Institut Angus Reid, a présenté des données de sondage récentes recueillies par l’Institut, qui montrent comment l’immigration modifie le paysage religieux du Canada.
Elle a fait remarquer qu’en tant que pays où l’immigration est relativement élevée, le Canada constate déjà les effets sur la façon dont les résidents perçoivent le rôle de la religion dans la vie publique. Les immigrants récents, et même les immigrants des deuxième et troisième générations, ont une opinion beaucoup plus favorable que les autres sur la contribution de la religion à la société canadienne. Cela s’explique notamment par le fait que les immigrants reçoivent également une aide concrète des groupes religieux à leur arrivée.
Mme Kurl s’est dite préoccupée par la façon dont les questions de politique d’immigration sont formulées dans le discours public canadien et a plaidé en faveur d’un dialogue plus ouvert sur les défis de la gestion équitable de l’immigration au XXIe siècle. Elle a noté l’état nébuleux de la conversation, soulignant particulièrement la tendance du public à ne faire aucune distinction entre les différents types d’immigrants arrivant au pays.
M. Cameron a discuté de certains des résultats de sa recherche sur le développement du parrainage privé de réfugiés au Canada. Il a fait remarquer que les groupes religieux ont joué un rôle clé dans l’élaboration du programme et a discuté de certaines de ses répercussions sur les politiques actuelles.
Sadia Rafiquddin, journaliste et communicatrice, a présenté un point de vue plus personnel, comparant son expérience en arrivant au Canada en tant que réfugiée fuyant la persécution religieuse au Pakistan avec ce qu’elle a appris des aînés innus au Labrador. Elle a discuté de la façon dont la spiritualité et l’identité contribuent à la façon dont nous nous sentons chez nous et dont nous construisons un sentiment d’appartenance à un lieu. Mme Rafiquddin a également soulevé la question de la polarisation croissante du débat sur l’immigration au Québec et du rôle que jouent les récits vulgarisés de l’immigration pour que l’onconsidère les immigrants comme “ autres “.
L’un des défis soulevés par les conférenciers durant la discussion est de savoir comment faire face au problème de l’intolérance religieuse qui est souvent lié à l’immigration et à l’établissement des immigrants. Mme Kurl a expliqué que les recherches menées par l’Institut Angus Reid ont montré que les personnes qui participent à une communauté religieuse sont plus tolérantes envers les autres religions que celles qui ne sont pas affiliées à une religion. La religion peut souvent jouer un rôle constructif dans la promotion d’une plus grande acceptation et inclusion des immigrants dans la vie de la société canadienne.